Comme en Europe, l’exploitation du gaz de schiste n’emporte pas un fort acquiescement des opinions publiques alors que la contestation se fait de plus en plus forte en Algérie sur fond de crise sociale aux revendications plus large que la seule exploitation de cette énergie.
La colère de la population s’amplifie en Algérie alors que le Président de la République et le Ministre de l’énergie s’en sont remis à la religion pour la convaincre du bien-fondé de l’exploration du gaz de schiste. Rien n’y fait pourtant. Des marches sont organisées en direction du Parlement, réunissant des parlementaires, des militants et des citoyens lambda.
Des forces de l’ordre ont été blessés lors d’affrontement et la tension ne risque pas de retomber alors que Mohamed Ali Boughazi, le conseiller du Président Bouteflika, vient de déclarer que « toutes les énergies, qu’elles soient conventionnelles ou pas, sont un don de Dieu, qu’il nous appartient d’exploiter pour le développement du pays. »
Une économie post-pétrole à définir
L’économie algérienne dépend actuellement à plus de 90% de ses matières premières et notamment le pétrole et le gaz. Comme toute dépendance, elle pose un problème. Et ce problème que le pouvoir algérien envisageait sur du long terme se pose dès maintenant.
La dernière loi de finances algérienne établissait un budget sur la base d’un prix moyen du baril de brut compris entre 90 et 100$ alors qu’il est aujourd’hui à 50$.
Toute l’économie du pays est bouleversée et s’apprête à souffrir alors que parallèlement, la manne potentielle offerte par les perspectives d’exploitation du gaz de schiste pourrait régler ce problème.
20.000 milliards de m3
Sonatrach, entreprise publique algérienne, leader de l’industrie pétrolière, estime que le potentiel renfermé par le sol algérien se poste à 20.000 milliards de m3. Il y a un an, le Président Bouteflika donné son feu vert à la première exploration qui s’est concrétisée en décembre dernier avec l’ouverture d’un puit dans le bassin d’Ahnet.
La question primordiale de l’eau
La population locale est surtout inquiète de l’utilisation par la technique de la fracturation hydraulique, d’une grande quantité d’eau alors qu’il s’agit d’une ressource dont le pays manque.
Néanmoins, le Ministre des ressources en eau s’est montré rassurant. Monsieur Necif certifie que les études fournies sur le sujet sont satisfaisantes et que l’impact sur les nappes phréatiques était négligeable alors que le Ministre de l’Energie se réjouit bien évidemment de l’ouverture de ce nouveau marché.
Pour le moment, le gouvernement tente de faire avec cette contestation populaire en l’encadrant mais espère tout de même que la manne financière dont il pourra tirer profit par l’exploitation du gaz de schiste, sera également de nature à apaiser les protestations.