La fusion Alstom – General Electric en danger ?

General Electric a reçu, de la part de la Commission Européenne, une liste de griefs empêchant, pour le moment, le feu de celle-ci à la fusion entre les deux groupes Alstom et General Electric. L’information avait circulée en milieu de semaine dernière, faisant plonger le titre Alstom, qui perdait 5,3% à 25,83 euros, après avoir un temps cédé plus de 7% jeudi dernier.

Dès vendredi soir, General Electric a confirmé avoir reçu une communication de griefs de la part de Mme Margrethe Vestager, commissaire européenne à la concurrence, qui examine son projet de rachat du pôle énergie du français Alstom, Alstom Power. Le groupe américain s’est dit prêt à certaines concessions. « Nous continuons de travailler de manière constructive avec la Commission, y compris en explorant de potentiels remèdes qui régleraient ses inquiétudes et préserveraient l’aspect économique de la transaction », a indiqué le porte-parole de General Electric à l’AFP.

Le directeur général du groupe américain, Jeff Immelt, avait déclaré en mai que son entreprise pourrait envisager de céder des droits de propriété intellectuelle sur un produit donné mais pas de se priver de revenus liés à la maintenance de ce même produit. Néanmoins, il a également déclaré le 20 mai dernier, qu’il n’accepterait « rien qui impacte ses revenus ».

Des enjeux colossaux

Il faut dire que l’enjeu est considérable pour le géant américain. L’acquisition de son rival français devrait lui permettre d’accroitre de 50% ce marché des services aux turbines à gaz, soit 500 gigawatts de capacités supplémentaires dans son portefeuille alors que l’américain détient déjà environ 50% du marché, contre 23% pour Siemens, 13% pour Mitsubishi Hitachi Power Systems, 7% pour Alstom et 3% pour l’italien Ansaldo Energia.

C’est justement ce manque de concurrence au niveau mondial qui inquiète les autorités européennes. Pour la Commission européenne considère que le rachat par le conglomérat américain de la branche énergie du français Alstom pourrait nuire à la concurrence dans la construction de turbines lourdes pour les centrales électriques utilisant le gaz comme combustible.

En cas de fusion, selon la Commission, il n’y aura plus en Europe que deux acteurs majeurs sur ce marché : General Electric et l’allemand Siemens. Une telle concentration risque, selon elle, de freiner l’innovation et d’entraîner une augmentation des prix. Au niveau mondial, seul Mitsubishi Hitachi Power Systems pourrait espérer résister à ces deux concurrents.

De leur côté, les dirigeants d’Alstom estiment que cette acquisition par GE aura un « impact positif pour l’Europe, y compris sur le futur environnement concurrentiel ». Parallèlement, de nombreux experts estiment que l’entreprise française n’a de toute façon plus la taille critique ni la surface financière pour résister seul sur le marché de l’énergie. En effet, Alstom vend aujourd’hui dix fois moins de turbines à gaz que General Electric et souhaiterait se consacrer uniquement à ses activités de transports ferroviaires.

Une opération à 12,4 milliards de dollars

Tout va être fait pour sauver cette opération à 12,4 milliards de dollars, la plus importante de l’histoire du groupe américain et qui est considéré comme un élément essentiel de sa stratégie d’expansion dans les activités industrielles à haute rentabilité parallèlement à son désengagement du secteur financier. General Electric va donc tout faire pour apaiser les doutes de la Commission Européenne et éviter un veto, alors que ce rachat a débuté il y a un an, mobilisant, à l’époque, durant de longues semaines, les directions des deux groupes mais également les pouvoirs publics français comme le ministre de l’économie, Arnaud Montebourg.

« Nous nous concentrons sur une issue positive qui préserve les conditions économiques de l’accord », dit General Electric dans un communiqué, et confirme sa confiance dans la possibilité de conclure ce deal au cours du second semestre de 2015 alors qu’une ombre plane sur ce rachat. La Commission européenne s’était opposée au nom de la concurrence au rachat par General Electric, en 2001, d’Honeywell International pour 42 milliards de dollars.

La Commission Européenne a fixé au 21 août la date limite pour donner ou refuser son feu vert à l’opération alors que cette dernière a déjà été approuvée par les autorités compétentes au Brésil, en Afrique du Sud et en Inde.

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A propos de l'auteur Nicolas Villiers

Jeune journaliste économique PQR dans le sud ouest, Nicolas Villiers se lance dans la rédaction Web à la faveur du lancement du gaz.fr.

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