Dans une interview accordée au magazine La Tribune, Laurent Vivier – Directeur Stratégies Marchés & GNL au sein de la direction de Gas & Power – revient sur les atouts du gaz naturel. Le gaz naturel liquéfié a plus d’un atout dans sa manche et devrait peser rapidement dans le mix énergétique mondial. Extraits.
Quels sont les avantages du Gaz Naturel Liquéfié (GNL) ?
Le GNL a deux grands intérêts. Il permet de transporter du gaz sur de très longues distances. Ainsi, quand les ressources sont éloignées du point de consommation, la seule solution est de liquéfier du gaz à - 160 °C, de le transporter dans des navires et de le livrer dans des terminaux pour le regazéifier, plutôt que de construire des tuyaux sur des dizaines de milliers de kilomètres. Deuxième avantage, sa flexibilité en termes de destinations. Nous pouvons réorienter des navires en fonction des demandes sur l’ensemble de la planète et ainsi faire face aux périodes de pointe, ce qui est impossible pour les gazoducs. Ce fut le cas, par exemple, après l’accident de Fukushima et l’arrêt de l’ensemble du parc nucléaire qui en a résulté, où le Japon a fortement dépendu des flux de GNL pour satisfaire ses besoins en électricité.
Selon vous, le poids du GNL dans le mix énergétique va-t-il croître dans les années à venir ?
Oui, l’Asie, dont la demande en GNL va doubler d’ici 2030, va tirer le marché mondial. Alors que nous prévoyons une hausse de la demande de gaz de 2 % par an, celle du GNL devrait être deux fois plus rapide ! Le potentiel est colossal, car c’est le GNL qui permettra de fonder un marché du gaz plus global et flexible en créant des flux entre des marchés encore régionaux. Sa croissance reste pourtant liée à celle du gaz et à la demande pour les besoins résidentiels, industriels ou pour de la génération électrique.
C’est pourquoi vous investissez massivement aujourd’hui sur le GNL ?
Oui, nous avons actuellement deux projets en Australie : un projet offshore complexe baptisé « Ichthys », qui prévoit le développement de multiples puits sous-marins et qui sera relié par un gazoduc de 900 km à une immense usine de liquéfaction située à Darwin ; et Gladstone LNG(GLNG), un projet de production de GNL à partir de l’extraction de gaz de houille, qui sera en production dans quelques mois. Sans oublier bien sûrYamal LNG, en Russie, l’un des projets industriels les plus importants dans le domaine du GNL. Là, le coût de construction des installations dans cette zone se chiffre en dizaines de milliards de dollars. Il sera implanté onshore dans l’estuaire de l’Ob, pris par les glaces neuf mois par an, et montre que nous sommes désormais capables de produire et de transporter du GNL par grand froid, avec des technologies hautement performantes.