La société Cuadrilla s’est vu refuser une nouvelle demande de permis d’exploration de gaz de schiste dans le Lancashire. C’est le deuxième refus essuyé par le groupe britannique en moins d’un mois.
Après avoir obtenu le feu vert à sa première demande de forage d’un puit de gaz de schiste dans le comté du Lancashire, le mois dernier, une première depuis 2011, le conseil de ce même comté a fini par opposer son veto à un nouveau projet de fracturation hydraulique.
Cette fois-ci, la société Cuadrilla souhaitait pouvoir procéder à des forages sur le site de Little Plumpton. Le conseil du comté s’en est tenu à des explications à caractère environnementales. Les forages auraient « trop d’impact visuel sur le paysage et entraîneraient une pollution sonore inacceptable ».
La collectivité locale avait déjà, préalablement, désapprouvé un projet similaire sur le site de Roseacre Wood parce que son exploitation aurait entraîné « un trafic trop important, ce qui aurait un impact inacceptable sur le réseau routier rural. »
Il s’agit donc du deuxième revers pour cette société en l’espace de moins d’un mois, revers qui a été fortement salué avec joie et applaudissement par des centaines de militants écologistes, selon la presse locale.
Les commentateurs inquiets
Pour le Daily Telegraph, cette décision représente « un revers important pour la recherche d’un approvisionnement d’énergie sécurisé, abondant et indépendant. Le journal souhaite même que « le gouvernement national intervienne pour décider si le projet doit quand même obtenir le feu vert » car « la fracturation hydraulique devrait faire partie du bouquet énergétique. »
Pour le Times, la nouvelle n’est pas réjouissante non plus et observe que « tout le monde veut consommer de l’énergie, mais personne ne souhaite qu’elle soit générée à côté de chez lui. Le journal va même beaucoup plus loin : “On ne peut construire des éoliennes car elles sont moches. On ne peut construire des centrales à charbon car elles produisent du Co2. On ne peut construire une usine marémotrice car elle détruit les habitats d’oiseaux. On ne peut construire des fermes solaires car elles gâchent le paysage… La seule forme d’énergie acceptable qui nous reste, ce serait de faire tourner en rond un âne rattaché à un générateur ! Mais là encore il y aurait un problème : les défenseurs d’animaux mettraient leur véto.”
Un appel interjeté ?
Pour certains spécialistes, le non du comté de Lancashire remet « sérieusement en question les perspectives de la fracturation hydraulique au Royaume-Uni sur le long terme ». D’autant que cette décision entre en contradiction avec la volonté du gouvernement de David Cameron de « miser ses efforts sur le gaz de schiste ». Il faut dire que pour le gouvernement, cette énergie parait potentiellement bon marché et abondante alors que les champs pétrolifères et gaziers de la mer du Nord sont en déclin.
Un porte-parole du gouvernement a déclaré que ce dernier « respectait » la décision des autorités du Lancashire, sans pour autant désarmer sur le fond. « Le gouvernement pense que le gaz de schiste a un potentiel énorme, qu’il représente une chance de développer de nouvelles ressources énergétiques tout en créant des emplois», a-t-il souligné. Il a ajouté que « Nous allons continuer d’étudier la manière dont nous pouvons poursuivre le développement de cette industrie au Royaume-Uni ».
Pour les plus optimistes, notons que Cuadrilla entend interjeter appel de cette décision. « Déçue et surprise », elle assure avoir apporté toutes les garanties nécessaires en termes de santé et d’environnement.
Cette procédure risque cependant d’être longue et difficile, jusqu’à deux ans, sans pour autant garantir une décision favorable à l’issue de son processus.