Le lac Kivu est l’un des Grands Lacs d’Afrique. Il se situe entre la République démocratique du Congo et le Rwanda. Le lac se trouve aujourd’hui au cœur d’une polémique concernant la présence de méthane… ou pas.
Samedi dernier, le chercheur Pascal Isumbisho Mwapu a déclaré à la presse que du gaz méthane était concentré dans les eaux profondes du lac Kivu au-delà de cent cinquante mètres. Le lac est ainsi caractérisé par une stratification thermique très stable dont rien ne peut perturber l’équilibre. Pour le professeur Pascal Isumbisho seule une éruption volcanique qui sortirait du fonds du lac et qui rencontrerait l’eau vers la surface constituerait un danger pour la population environnante. Mais selon lui, même des éruptions volcaniques telles que celles de 2002 et 2008 ne pourraient perturber sa stabilité.
Ainsi, ce chercheur en limnologie (Étude scientifique des lacs et des eaux lacustres), pêche et aquaculture estime que les alertes de ces derniers jours sur la montée du gaz méthane à environ 9 m de la surface relève de la spéculation. « Les eaux du Lac Kivu sont étagées. Il y a plusieurs paliers. Cet étagement est fait sur base de la densité de l’eau. Les eaux profondes sont plus denses parce que plus chargées en nutriment que les eaux de surface », a affirmé Pascal Isumbisho.
Des ONG alertent sur la présence de méthane
« Kivu c’est le lac du monde dont la température du fond est supérieure à la température de la surface. Physiquement et chimiquement, cela ne devrait pas s’expliquer, parce que les eaux plus chaudes devraient être au-dessus des eaux froides. Mais pour le lac Kivu, c’est cette densité qui maintient les eaux chaudes en profondeur et les eaux relativement froides vers la surface », explique le professeur Pascal Isumbisho.
Or la polémique est née par l’alerte donnée le 24 août dernier par le Réseau provincial des ONG de défense des droits de l’homme Sud-Kivu avait demandé au gouvernement central d’entamer sans délai, le processus de dégagement du gaz méthane et du dioxyde de carbone en saturation dans le lac Kivu. Selon ces ONG, le gaz méthane qui est à 9 mètres de la surface des eaux constituait un danger pour les êtres vivants, indiquant que plus de 50 chèvres attachées dans différents milieux étaient mortes, suite au gaz dégagé par ce lac.
Pour les chercheurs « rien n’a changé »
Selon le chercheur Isumbisho Mwapu, « c’est depuis qu’on a commencé à étudier le lac Kivu, ça se présente comme ça. Nous avons une zone où les eaux peuvent se mélanger jusqu’à 60 ou 70 m de profondeur ». Même s’il reconnait qu’une forte concentration de méthane se trouvait à partir de 150 mètres de profondeur. « En dessous de 70 m de profondeur, nous avons plusieurs paliers, en commençant par un premier palier à 150 m de profondeur, 200 ou 350 mètres de profondeur et c’est dans ces eaux profondes à partir de 150 mètres de profondeur qu’on trouve une forte concentration en gaz méthane. »
Il a souligné qu’à Bukavu il y a juste des traces qui ne peuvent pas causer une catastrophe avant de préciser que le gaz méthane se trouve dans le bassin Est entre Idjwi et Kibuye au Rwanda, dans le bassin Ouest entre Idjwi et Kalehe et dans le bassin nord en face de la ville de Goma ainsi que dans la baie de Kabuno (Nord-Kivu). Au-delà de la dangerosité du méthane en lui-même, rappelons que l’exploitation de celui-ci est déjà effective au Rwanda.