Alger compte augmenter sa production de gaz de 13% d’ici à quatre ans, en dépit de la conjecture défavorable dans laquelle se trouve l’industrie des hydrocarbures.
L’an passé, l’Algérie a enregistré des baisses importantes de ses exportations d’hydrocarbures. Ainsi, les exportations de gaz naturel ont baissé de -17 % à 27,44 milliards de mètres cubes et celles de pétrole brut et de condensat ont chuté de -16 % à 28,35 millions de tonnes. Ce chiffre, aussi important soit-il, confirme le recul quasi-continu de sa production d’hydrocarbure depuis 2006. Néanmoins, ces faits avérés, ne sont pas de nature à décourager les autorités publiques qui souhaitent relancer la production de gaz naturel.
Une annonce surprise
« Il est prévu que la production de gaz naturel de l’Algérie augmentera en 2019 de plus de 13 % par rapport à 2014 et ce pour satisfaire la demande du marché intérieur et augmenter les exportations », a insisté le ministère de l’Énergie dans la dernière édition de La Revue algérienne de l’énergie, une publication gouvernementale.
Cette annonce est d’autant plus une surprise qu’un juillet dernier, le gouvernement avait fait adopter par le Parlement un budget rectificatif pour l’année 2015, qui prévoit une baisse de 50 % du revenu des exportations. Les recettes des exportations d’hydrocarbures ainsi attendues sont donc de 34 milliards de dollars, contre 60 milliards de dollars initialement prévus et 58,5 milliards de dollars en 2014.
Malgré ce vote, l’Etat algérien a mis en oeuvre un plan de développement visant à enrayer immédiatement le recul de la production de pétrole et de gaz nationale. C’est à travers la Sonatrach, la compagnie nationale des hydrocarbures que devrait se mettre sur pied ce plan qui consiste en de forts investissements, situés autour de 90 milliards de dollars, entre 2015 et 2019… en pleine crise financière.
Une situation budgétaire tendue
Il est fort probable que le recul important des revenus publics provoqué par la chute des cours du pétrole puisse bel et bien amener Alger à réviser ce plan de développement. Ainsi, pour 2016, le gouvernement algérien prévoit de réduire ses dépenses globales de près de 9%, après avoir promis de ne pas toucher aux programmes de logements et aux recrutements dans la fonction publique.
« Il faut mieux compter nos sous mais sans faire caler le moteur économique qui soutient l’emploi et le pouvoir d’achat », a plaidé le Premier ministre algérien Abdelmalek Sellal, le 29 août. « La situation est plus tendue pour les finances publiques que pour la balance des paiements. Cela plaide pour des actions en matière de rationalisation des dépenses publiques et le développement du marché des capitaux », a-t-il ajouté. Alger table sur un taux de 4,6 % pour 2016, contre 3,6 % cette année, tandis que le FMI est plus pessimiste en l’estimant à 2,5 % en 2015 et à 3,9 % en 2016.
Autant d’éléments économiques et budgétaires qui ne plaident pas en faveur d’une relance réaliste de la production de gaz naturel. A moins que le secteur privé ne se saisisse du dossier.