La compagnie spécialisée dans le traitement et la fourniture d’eau potable est en train de mettre en place un ingénieux système de transformation des boues dépuration en gaz naturel. Un procédé chimique innovant qui permettrait aux stations d’épuration de Veolia d’être à termes autosuffisantes en énergie.
C’est à proximité d’Avignon que Veolia mène depuis juillet dernier le pilote encore qualifié d’expérimental de son procédé chimique novateur visant à transformer des boues d’épuration en gaz naturel. Un projet des plus sérieux puisqu’il nécessite des ressources humaines et matériels assez conséquentes : un réacteur de gazéification a été spécialement édifié sur place et une équipe de la division recherche&développement du groupe est affectée à la bonne réalisation de l’opération. Un pilote qui s’inscrit par ailleurs dans un projet plus vaste appelé « AdWastoGas » et dont le but est donc de transformer des boues d’épuration en énergie par procédé de gazéification.
Concrètement, l’opération consiste à transformer un mélange de matière sèche (en provenance d’exploitations agricoles notamment) et de boues d’épuration en gaz, selon le principe de l’oxydation. « Nous cherchons à fabriquer du gaz en traitant thermiquement les boues, pour une valorisation optimale », explique ainsi Nicolas Rampnoux, le responsable régional de Veolia recherche et innovation. Un procédé dont le principe est de mélanger les boues d’épuration et la matière sèche selon les bonnes proportions, puis de chauffer lentement le tout, de maîtriser la température afin de la stabiliser à 850°, température à laquelle le mélange se transforme en gaz.
Une démarche bénéfique
Transformer des boues d’épuration en biométhane est un exercice auquel se prêtent des grands noms du secteur de l’énergie tels que GrDF ou Engie. Du biométhane qui est par la suite injecté dans le réseau de gaz naturel des villes. Mais la démarche de Veolia est quelque peu différente : elle ne vise pas à concurrencer les poids lourds du gaz en devenant un nouvel acteur du secteur mais elle a pour finalité de mettre en place une certaine indépendance énergétique de ses différents sites de traitement. Par ailleurs, le procédé est sobre du point de vue écologique : « Le mélange n’est pas brûlé mais oxydé, il n’y a pas de dégagement de CO2 » comme le précise Franck Gelix, en charge du pôle Procédés thermiques et intégration chez Veolia.
Si la technique est encore en phase de test et de recherches, Veolia a toutefois bonne espoir de transformer l’essai pour de bon et de pouvoir ainsi à terme déployer le système à l’ensemble de ses différents sites de traitements des eaux usées. Une excellente manière de faire baisser la facture énergétique tout en réduisant alors l’impact environnemental.