Veolia a signé un accord avec le pétrolier américain Antero Resources, exploitant de gaz et pétrole de schiste. Le groupe Français va ainsi construire une usine de retraitement de l’eau afin de préserver la ressource.
La société française Veolia a signé avec l’Américain Antero Resources un contrat de dépollution et de recyclage de l’eau utilisée pour les fracturations hydrauliques produites par l’exploitation des gaz de schistes. Ce contrat constitue une première mondiale et ouvre des perspectives écologiques et économiques majeures. Veolia va donc concevoir, construire et exploiter – pendant dix ans – dans le comté de Doddridge, dans l’ouest de la Virginie, une usine de 275 millions de dollars au sein du bassin de Marcellus, immense réservoir de prospection de gaz de schiste.
Une première mondiale
Cette usine aura pour vocation de récupérer l’eau utilisée lors des fracturations hydrauliques, procédé servant à l’extraction des gaz de schiste, et de la recycler afin qu’elle puisse à nouveau être utilisée pour de nouvelles fracturations. Prévue d’entrer en service fin 2017, la future installation permettra à terme le traitement et le recyclage de 60.000 barils d’eaux industrielles, soit environ 9 500 m3/jour. Elle bénéficiera des technologies exclusives de Veolia parmi lesquelles les procédés CoLD Process® pour la cristallisation, et Actiflo® et AnoxKaldnes™ MBBR pour la clarification et le traitement des eaux usées, trois procédés particulièrement innovants en matière de traitement visant à optimiser la réutilisation de l’eau. En choisissant des technologies hautement efficaces en matière de consommation énergétique produisant une eau de grande qualité pour la réutilisation dans un système centralisé, Antero se positionne comme un chef de file de la gestion responsable de l’eau dans les bassins Marcellus.
En effet, l’eau utilisée pour la fracturation hydraulique est classiquement ponctionnée dans des nappes phréatiques plus ou moins proches, souvent transportée par des camions-citernes jusqu’au lieu d’extraction avant d’être stockée dans des puits profonds, où pompent les installations de fracturation hydraulique. Il s’ensuit donc un gigantesque gaspillage d’eau potable, puisqu’après son utilisation pour la fracturation hydraulique, l’eau présente un fort taux de salinité, et est souillée par des hydrocarbures et parfois par des résidus de minerais naturellement radioactifs.
Inspirée de l’économie circulaire
Antero Resources a choisi d’anticiper un futur durcissement de la législation sur l’exploitation des gaz de schiste aux USA, de réduire son empreinte environnementale, et aussi de réaliser grâce à ce procédé de recyclage inventé par Veolia Environnement des économies substantielles. En effet, le recyclage des eaux issues de la production du gaz et du pétrole de schiste permettra à Antero de réaliser des économies chiffrées autour de 150.000 dollars par puits, sans compter la réduction des coûts et risques associés au transport (environ 500 aller-retour de camions des zones de pompage d’eau jusqu’aux puits situés sur le bassin de Marcellus) sur une longue distance des eaux produites pour injection en puits profonds.
« Couvrant la totalité du cycle de l’eau, notre expertise unique est particulièrement adaptée aux besoins de l’industrie gazière et pétrolière », précise Antoine Frérot, Président-directeur général de Veolia. « La possibilité de traiter et recycler les eaux industrielles est un aspect essentiel de la production. C’est aussi une avancée énorme pour réduire les risques environnementaux ». Le marché du pétrole et du gaz est l’un des relais de croissance de Veolia. Il représente aujourd’hui environ 1,5 milliard d’euros de son chiffre d’affaires et devrait atteindre 3,5 milliards d’euros d’ici 2020.
Mais Veolia veut aller plus loin en récupérant lors du traitement des matériaux valorisables, comme par exemple certaines formes de sel (utiles dans un Etat où l’hiver est rude). « Nous voulons aller au-delà de la séparation de l’eau et des déchets et pousser à son maximum la logique de l’économie circulaire », d’après Laurent Auguste, directeur Innovation Marché chez Veolia.