Le gazoduc Midcat pensé pour assurer une sécurité d’approvisionnement en gaz naturel tant pour la France que l’Espagne fait actuellement l’objet de négociation quant à son financement. Les deux pays en auront pourtant bel et bien besoin.
Mis sur les rails ou plutôt remis sur les rails il y a quelques mois de cela, le gazoduc Midcat (Midi-Catalogne) refait parler de lui. La raison ? son coût estimé à quelques 3 milliards d’euros. Si le projet est en partie porté par Bruxelles, les deux principaux bénéficiaires que sont l’Espagne et la France ne peuvent s’éviter de mettre la main à la poche. Et c’est justement ce qui coince en ce moment côté Français, une source proche du dossier déclarant qu’ « il y a une pression politique infernale de la part des Espagnols et de Bruxelles, mais la France estime qu’elle n’en a pas besoin et ne veut pas payer ». Une erreur de tactique du côté Français car quoique coûteux, l’infrastructure permettrait d’apporter un peu de sécurité énergétique au pays sur fond de recherche de nouvelles sources d’approvisionnements autre que le traditionnel et écrasant filon russe de Gazprom.
Sur le papier, la France semble donc commettre une erreur, à savoir négliger un gazoduc qui servirait finalement ses intérêts et ceux des consommateurs. Mais ce n’est pas tant l’utilité de MidCat qui est remise en doute mais le coût qui serait supporté par la partie française (GRTgaz entre autre) et par le consommateur final. Et c’est le régulateur français (la Commission de Régulation de l’Energie) qui tire en quelque sorte la sonnette d’alarme car pour lui le coût total de l’investissement se répercutera sur la facture adressée au consommateur de l’Hexagone.
Une infrastructure nécessaire mais passée au crible
Le mise sur pied de MidCat permettrait de passer d’un transport de gaz entre l’Espagne et la France actuel de 7 milliards de mètres cubes par an à plus du double, 15 milliards de mètres cubes exactement. Au total, ce seront 224 kilomètres de canalisations qui devront être créées,104 kilomètres en Espagne et 120 pour la partie française. Un point de relai qui servirait par la suite à connecter également l’Europe avec au préalable des travaux complémentaires de 600 kilomètres de nouvelles canalisations. Un projet d’envergure qui déboucherait sur une infrastructure salutaire pour l’ensemble des pays de l’UE. Pour autant, les calculs du niveau d’investissement font apparaître un certain déséquilibre dans le financement comme le pointe du doigt GRTgaz : « Au total, 3,1 milliards d’euros d’investissement seraient nécessaires, dont 2,3 à la charge de GRTgaz, et 800 millions pour Enagas et TIGF, à parts égales ». Ce sur quoi Philippe Doucet, le président de la Commission de Régulation de l’Energie, rebondit en indiquant que « nous comprenons la perspective européenne mais il n’est pas question de faire payer cet investissement aux seuls consommateurs français, qu’ils soient particuliers ou industriels ». Car Bruxelles qui fait de MidCat l’une de ses priorités pousse pour que Français et Espagnols s’entendent, tout en apportant sa contribution par des subventions. Mais devant la réticence du côté français à mettre la main à la poche une étude menée par un cabinet indépendant rendra son verdict final fin janvier.