La province du Nouveau-Brunswick au Canada a initié un moratoire sur la question du gaz de schiste dont elle renferme de conséquentes quantités. Alors qu’une commission d’études d’impact économique et environnemental doit rendre son rapport d’ici un mois, des voix s’élèvent déjà pour demander le démarrage des activités d’exploitation.
Le gaz de schiste reste un sujet controversé dans la quasi totalité des pays où son exploitation est soit lancée soit envisagée. Ce n’est pas tant le gaz en soi qui est remis en question mais bien la technique servant à l’extraire : la fracturation hydraulique. Une technique qui fait peser d’importants risques sur l’environnement si elle n’est pas maîtrisée et mise en œuvre correctement. Pour pallier tout risque environnemental mais également social car la gronde est souvent forte parmi les anti gaz de schiste, le Nouveau-Brunswick a lancé un moratoire sur la question de la fracturation hydraulique. Pour qu’il soit levé est qu’il ouvre de facto la voie à une exploitation du gaz de schiste, cinq conditions doivent être réunies parmi lesquelles obtenir l’approbation des populations locales, détenir de l’information claire et lisible quant à l’impact écologique de la fracturation hydraulique, définir un plan de maîtrise des ressources naturelles telles que l’eau. Voilà plus d’une année que la commission a été créée afin d’étudier ces questions centrales du moratoire sur la fracturation hydraulique mais selon des économistes, le moment est venu de passer la vitesse supérieure et de démarrer au plus tôt les opérations de forage.
Le gaz de schiste comme vecteur de croissance
Les positions de Pierre-Marcel Desjardins, économiste à l’Université de Moncton, ainsi que celle Rick DesBrisay, directeur de la Chambre de Commerce Atlantique sont claires : le Nouveau-Brunswick ne peut se passer des retombées économiques et énergétiques du gaz de schiste, aussi est-il urgent de démarrer les opérations. Car selon l’économiste : « C’est un secteur qui pourrait créer des centaines, voire quelques milliers d’emplois, et à l’heure actuelle avec la situation de l’emploi, on ne peut pas tout simplement lui tourner le dos. Je laisserai aux scientifiques, aux biologistes, aux hydrologues le soin de voir les questions environnementales, mais je pense que ça doit être débattu. C’est une opportunité qui existe ici et on doit absolument la considérer. »
Le Directeur de la Chambre de Commerce Atlantique quant à lui va même un peu plus loin en appelant les dirigeants de la province à faire preuve de « courage politique ».
Au Canada, il est avis que ces déclarations laissent à penser que la levée du moratoire sur la fracturation hydraulique n’est plus qu’une question de semaines; d’autant que depuis quelques temps déjà des opérations d’étanchéification des puits de forage se sont révélées efficaces. Les puits de gaz de schiste sont plus sécurisés, les additifs chimiques ne s’épandant plus dans les nappes phréatiques. En outre, de nouvelles techniques de recyclage des eaux usées sont actuellement en cours de déploiement afin de réutiliser l’eau injectée. Le Nouveau-Brunswick deviendra donc certainement d’ici peu un nouveau producteur de gaz de schiste.