Dans son dernier rapport, l’Agence International de l’Energie dresse le portrait du futur visage du marché mondial du gaz naturel. D’ici cinq années à peine, l’offre va bondir et la concurrence s’intensifier sur fond de redistribution des cartes.
Si l’on s’arrêtait aux seules données de 2016, il n’y aurait vraiment pas de quoi sauter au plafond du côté du marché mondial du gaz. Car la demande patine quelque peu et les prix avec, déclinant au même rythme que ceux du pétrole. Mais les projections dans le court voire moyen terme de l’Agence International de l’Energie ont de quoi redonner le sourire aux professionnels du secteur mais également aux consommateurs. Car d’une part la production va exploser et de l’autre les nouveaux grands producteurs de gaz vont se livrer à une rude bataille commerciale.
L’Agence fait ainsi état du fait que les « capacités de production de GNL vont croître de 45 % entre 2015 et 2021, dont 90 % en provenance des Etats-Unis et d’Australie ». En six années à peine donc, le marché mondial verra un afflux massif d’une nouvelle offre qui porterait la capacité totale des nouveaux stocks disponibles à 188 milliards de mètres cubes qui viendront ainsi s’ajouter aux 415 milliards de mètres déjà disponibles depuis la fin de l’année 2015.
Plus de concurrence et des prix en baisse
L’AIE tire par ailleurs des conclusions, ou plutôt des projections, de ce prochain afflux de gaz naturel liquéfié. La première en est qu’une rude bataille entre producteurs va être la règle. Quand la Russie et le Qatar se partageaient la plus grosse part du gâteau, les Etats-Unis et l’Australie également vont tenter de tirer leur épingle du jeu. Quitte à tendre vers une offre plus alléchante pour les clients avec des offres marketing et commerciales plus souples, des conditions tarifaires plus avantageuses, des contrats sur le long termes plus intéressants pour les pays consommateurs. Du coup, pour tenter de conserver sa place de choix, Gazprom envisagerait d’ores et déjà de « choisir une approche marketing plus flexible ». Avec des répercussions déjà observables puisque les grands acheteurs que sont notamment EDF ou Engie sont en train de renégocier leurs contrats, ce qui pour le directeur exécutif de l’AIE signifie que « nous sommes au début d’une nouvelle ère sur les marchés du gaz européen ».
Aussi, la tendance baissière sur les prix déjà en baisse entre 2014 et 2015 (-40% aux USA, -37% en Asie et -21% en Europe) devrait se poursuivre sinon se maintenir sur le même rythme pour les cinq à dix prochaines années. Une aubaine pour les nations consommatrices de gaz qui pourront alors bénéficier d’une énergie meilleure marché.
Reste que le marché mondial devra trouver un point d’équilibre entre d’un côté un certain ralentissement de la demande en Europe et en Asie et de l’autre l’arrivée annoncée de nouvelles quantités de GNL. De nouveaux stocks qui devront ainsi trouver preneur en se taillant la part du lion dans un marché où les ENR tendent à percer de plus en plus nettement.