Dans un entretien accordé à la presse locale, le pdg de la société française Waga Energy revient sur l’avancée majeure de sa société : la production de biométhane à partir de déchets ménagers enfouis. Une première mondiale qui va ouvrir les portes aux marchés internationaux pour la société iséroise.
Transformer des résidus d’exploitation agricole, forestière ou des boues d’épuration en biogaz, on connaissait déjà. Mais parvenir à exploiter les déchets ménagers enfouis dans de nombreuses décharges en biométhane, là c’est une première mondiale.
Une prouesse technique à mettre au crédit de l’entreprise iséroise Waga Energy qui travaille depuis plus de dix années à présent sur la mise au point d’un process capable de produire du biométhane pur à plus de 98%. Pour Mathieu Lefebvre, l’enjeu était de taille « Pour encore quelques décennies, une bonne partie des déchets produits par l’urbanisation sont stockés (mis en décharge). Les décharges à ciel ouvert sont devenues des centres d’enfouissement techniques, des trous dans lesquels on vient déverser des déchets collectés dans les villes. Le problème : ces déchets contiennent une part de matière organique. Une fois stockée, celle-ci se dégrade par un procédé naturel et produit spontanément du biogaz qui va être progressivement émis à l’atmosphère. Dans les décharges ou dans les installations de stockage de déchets, il est collecté à travers des forages et des tuyaux pour être brûlé. Ceci est un problème dans la mesure où ce gaz, qui coûte aux opérateurs en terme de collecte et de destruction, s’il n’est pas traité, va directement dans l’atmosphère et est responsable de 5% des émissions mondiales de gaz à effet de serre ».
Il y avait donc là un potentiel inexploité pour l’homme d’affaires avec un triple bénéfice : environnemental, énergétique et économique : « Pour valoriser cette ressource énergétique renouvelable, il faut être capable d’épurer ce gaz pour en faire du méthane substitut du gaz naturel et donc à la qualité et au coût du gaz naturel. Si on est capable de faire cela, alors on est capable de transformer cette pollution en énergie, ce coût en revenu. »
La Wagabox génère du biométhane pur, bon pour la transition énergétique
Comment fonctionne le procédé mis au point ? La Wagabox « extrait le méthane du biogaz produit par la fermentation des déchets ménagers, en séparant l’azote, l’oxygène, le dioxyde de carbone et les impuretés. C’est à ce jour la seule unité au monde capable de produire, à partir de ce mélange gazeux complexe, un biométhane pur à 98 %, compatible avec les standards de qualité́ des operateurs de réseau. ». Une avancée technique qui va permettre de générer de nouvelles opportunités pour tous les acteurs de la branche du gaz naturel : « nous avons proposé aux opérateurs du déchet et aux grands opérateurs de l’énergie d’être le maillon entre les deux, l’investisseur et l’exploitant. ».
Waga Energy se pose ainsi en go-between sur la chaîne du gaz et du biogaz en France. Des découchés ont d’ailleurs été sitôt trouvés puisque la société à injecter le biométhane obtenu grâce à son procédé breveté : « En février, nous avons pu injecter à Saint-Florentin plus de 500 mégawattheures dans le réseau, et un gigawattheure en mars. 3 000 foyers peuvent ainsi être alimentés. Cela représente également une flotte d’une centaine de bus. »
Conscient du potentiel plus que conséquent du biogaz, Waga Energy est engagée dans la « transition énergétique. Celle-ci passera par une utilisation accrue des gaz énergétiques renouvelables, et du biométhane en particulier ».
Même si la France est le territoire d’origine de l’entreprise iséroise, Mathieu Lefebvre explique toutefois que « 99% de notre marché est à l’international. Nous sommes sollicités dans le monde entier où il existe des dizaines de milliers de décharges. »