Dans une interview, le président de France Biométhane Cédric de Saint-Jouan, un think tank dédié à la promotion du biogaz, met en lumière les grands enjeux actuels et futurs auxquels la profession devra se confronter. Un livre-blanc a même été produit et se penche sur les moyens nécessaires au développement du filon en France. Extraits.
Cédric de Saint-Jouan explique que « France Biométhane a entamé un tour de France des pouvoirs publics dans le but d’impliquer nos politiques, de promouvoir et d’évoquer avec eux cette filière d’avenir qu’est le biométhane et surtout d’en faire comprendre les nombreux enjeux dans la prochaine décennie: ceux de l’indépendance énergétique nationale en matière de production de gaz, du soutien au secteur agricole en pleine crise, des développements économiques majeurs liés à la révolution du gaz vert, ceux encore de la mobilité pour leur faire comprendre que les véhicules GNV (gaz naturel pour véhicules) deviennent une alternative de plus en plus crédible aux véhicules thermiques classiques, et d’arriver à cet objectif ambitieux de 10% de gaz dans la consommation totale de gaz en 2030. »
Pour l’homme, trois mesures phares doivent être entreprises pour relancer la filière : « D’abord faciliter l’obtention des autorisations administratives en simplifiant le régime des installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE) et lutter contre les recours abusifs en instituant un «tribunal dédié» aux recours liés au biométhane sur le modèle de la juridiction de Nantes spécialisée pour l’éolien offshore. Ensuite, renforcer la confiance des banques qui ont essuyé les plâtres du démarrage d’une première génération de projets de méthanisation, en prolongeant la durée du contrat d’achat (NDLR: du biométhane, qui fait l’objet d’un tarif subventionné) de 15 ans à 20 ans pour permettre d’allonger les crédits. Enfin, accélérer l’utilisation du GNV dans la mobilité des bus et des poids lourds en favorisant le maillage de stations de carburant GNV et en incitant les transporteurs à investir dans des flottes au GNV. »
Enfin, si beaucoup reste à faire pour que le biométhane se substitue efficacement au charbon, au fioul ou encore au diesel, les choses vont tout de même dans le bon sens, le président du think tank expliquant ainsi qu « Avec un objectif ambitieux de 10% de la consommation française de gaz à l’horizon 2030, la France ouvre une nouvelle phase de la transition énergétique en faisant entrer le renouvelable dans le gaz. Cinq ans exactement après le lancement de la filière avec la sortie des tarifs d’obligation d’achat en novembre 2011, un premier bilan s’impose: les 24 unités d’injection gaz en service produisent annuellement 0,3 térawattheures (TWh). Ce sont pour deux tiers des unités portées par des groupements d’agriculteurs, pour les autres des unités conduites par des collectivités territoriales à partir de boues d’épuration, d’ordure ménagères ou de décharge. À titre de comparaison, l’Angleterre qui a également instauré un tarif d’obligation d’achat du biométhane en 2011 compte aujourd’hui 75 unités qui produisent 3,5 TWh par an.