Produire de l’hydrogène propre partout dans le monde est possible

L’Agence Internationale de l’Energie plaide pour un recours plus soutenu de l’hydrogène dans la transition énergétique des Etats. Daniel Hissel, chercheur au CNRS et spécialiste de ce gaz affirme que sa production d’origine renouvelable n’est qu’affaire de volonté et de soutien public.  

Dans le cadre du G20, l’Agence Internationale de l’Energie a publié un rapport au sujet de l’hydrogène et de sa place dans la transition énergétique. Selon l’organisme, l’hydrogène doit jouer un rôle plus important dans les économies mondiales afin de favoriser au maximum la transition énergétique en allant vers une décarbonation des nos sociétés. Un document de plus de 200 pages qui plaide en faveur de ce gaz propre à l’utilisation et dont les coûts de production pourraient selon l’AIE rapidement diminuer de l’ordre de 30%.

Mais ce qu’omet quelque peu le document est la nécessité de changer de modèle de production de l’hydrogène. Car tandis que 95% de la production totale est issue des énergies fossiles, les ONG environnementales alertent sur les quantités massives d’émission de GES causées par sa fabrication. Résultat : l’hydrogène génère à lui seul non moins de 830 millions de tonnes de CO2 par an, sot l’équivalent des rejets totaux cumulés du Royaume-Uni et de l’Indonésie.

Mais pour Daniel Hissel, chercheur au CNRS spécialisé sur la question de l’hydrogène, la production massive d’hydrogène à partir d’énergies renouvelables n’est qu’une histoire de volonté et de soutien public.

La technologie est effet mature, des électrolyseurs de taille industrielle peuvent être installés à proximité de chaque unité de production d’électricité verte telles que les éoliennes par exemple. Le procédé est totalement maîtrisé mais le frein est d’ordre économique.

La production d’hydrogène vert coûte en effet bien plus cher que celle issue du charbon, du gaz ou du pétrole. Pour Daniel Hissel « Il faut aussi donner des assurances aux entreprises qui souhaitent investir dans ces systèmes. Cette maturité technologique s’avère désormais en phase avec la prise de conscience environnementale des populations et des gouvernements, bien conscients de la nécessité de trouver des solutions pérennes. Depuis 3-4 ans, les industriels réclament eux-mêmes des substitutions aux énergies carbonées. »

Le plan Hydrogène chapeauté par Nicolas Hulot avant son départ du gouvernement est une bonne première intention. Mais elle reste cantonnée à un budget qui demeure tout de même limité. Au-delà de la question du coût, Daniel Hissel pointe du doigt un autre obstacle : « un des freins demeure les contraintes normatives, encore très lourdes. Elles doivent être simplifiées au niveau des Etats mais aussi à l’échelle mondiale pour permettre le déploiement de ces technologies. »

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A propos de l'auteur Benoit Estrallant

Directeur de la publication. Ingénieur en efficacité énergétique des bâtiments industriels, Benoit Estrallant s'intéresse de près aux enjeux énergétiques soulevés par la transition énergétique. Alors que la COP21 est annoncée à Paris, il décide de lancer le-gaz.fr...

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