Depuis la fin de l’année 2018, les cours mondiaux du gaz naturel ont tellement reculé que cela a bouleversé de nombreuses facettes du marché de l’énergie.
Si la dernière baisse des tarifs réglementés d’un peu moins de 7% ne semble pas si spectaculaire que cela, en prenant un peu plus de recul dans le temps et en sortant du marché strictement français, la donne est en réalité tout autre. Depuis le 1er janvier, la baisse des cours a été de -25% aux USA et même de -50% en Europe et en Asie. Un phénomène qui trouve son explication dans plusieurs facteurs détaillés par Thierry Bros de l’Oxford Institue for Energy Studies : « Cette chute s’explique par la conjonction d’une offre plus abondante que prévu et d’une demande en croissance moins forte que l’an dernier ». Notamment du fait d’un hiver assez clément en terme de météo.
Résultat : les conséquences de la chute des cours du gaz naturel ont rabattu considérablement les cartes du marché de l’énergie au sens large. Le premier effet tangible est celui des factures de gaz naturel moins élevées pour les consommateurs. Les tarifs réglementés ont diminué encore une fois au mois de juillet mais ils ont également diminué chaque mois depuis le début de l’année. Les consommateurs particuliers et professionnels qui ont fait le choix de souscrire des offres basées sur les tarifs réglementés réalisent donc de bien belles économies sur l’année en comparaison avec l’an passé.
Mais dans le même temps, la chute du prix du gaz n’a pas que des conséquences positives car les prix du charbon devraient également suivre la même pente descendante. La raison en est que gaz et charbon sont directement concurrents en matière de production d’électricité dans la plupart des pays émergents, aussi les cours du charbon risquent bien d’être orientés à la baisse. Une mauvaise nouvelle pour le climat car le charbon est à ce jour l’énergie fossile la plus émettrice de CO2 et de particules fines.
La conséquence de cette guerre des prix est que les prix de l’électricité à leur tour devraient mécaniquement diminuer tout en faisant baisser par la même occasion les coûts de production dans l’industrie, très gourmande en énergie. Une bonne nouvelle pour de nombreuses économies nationales qui peinent à maintenir à flot l’industrie chimique et plasturgique entre autres.
Enfin, les risques de pénurie en gaz naturel dans des pays non producteurs comme la France sont réduits à leur minimum. Car l’hexagone de même que bien d’autres pays d’Europe ont profité de ce contexte tarifaire avantageux pour faire le plein de GNL en prévision de l’hiver prochain. Résultat, les capacités de stockages de GNL sont déjà à 60% et pourraient même atteindre les 90% d’ici la fin de l’été tandis que ce cap est plutôt franchi au cours du mois de novembre.