La COP26 s’est achevée, ce samedi 13 novembre 2021, par une déclaration finale, baptisée « Pacte de Glasgow », qui mentionne pour la première fois la nécessité de réduire l’utilisation des énergies fossiles, dont le gaz naturel. Plusieurs accords ont par ailleurs été signés pour limiter les investissements ou l’utilisation du gaz dans les années à venir. Mais aucun ne semble en mesure de limiter, du moins à court terme, la place du gaz naturel dans l’énergie mondiale, au contraire du charbon et, dans une moindre mesure, du pétrole.
Les énergies fossiles ont beaucoup fait parler d’elles à la COP26, qui s’est achevée ce samedi 13 novembre 2021 à Glasgow. Cette conférence de l’ONU sur le climat a en effet la première à poser clairement la question de la sortie des hydrocarbures. Les énergies fossiles ne sont ainsi pas mentionnées dans l’Accord de Paris, qui n’évoque que la nécessité de réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Le « Pacte de Glasgow » évoque, pour la première fois, la fin des subventions aux énrgies fossiles
La déclaration finale de cette COP26, baptisée « Pacte de Glasgow », signée par les 197 parties présentes, mentionne d’ailleurs bel et bien les hydrocarbures. Le texte appelle ainsi à « intensifier les efforts vers la réduction du charbon sans systèmes de capture (de CO2) et vers la sortie des subventions inefficaces aux énergies fossiles ».
La première version de cette déclaration, proposée le 10 novembre par la présidence britannique de la COP26, était beaucoup plus directe, en évoquant la nécessité de « sortir du charbon » et de « mettre fin aux subventions aux énergies fossiles ».
La Chine et l’Inde veulent continuer à investir dans les hydrocarbures, dont le gaz naturel
Mais l’Inde et la Chine ont pesé de tout leur poids pour édulcorer le texte : les deux pays veulent conserver leur liberté de choisir leur part du « budget carbone » restant à la planète pour rester sous les 1,5°C de réchauffement climatique par rapport à l’ère industrielle.
Cette position est cohérente avec plusieurs déclarations d’officiels chinois, avant et durant cette COP26, qui indiquaient que les pays les plus industrialisés devaient faire davantage d’efforts, étant responsable de la plus grande part du CO2 anthropique présent dans l’atmosphère, et qu’il était donc juste que des pays en plein essor industriel, comme l’Inde et la Chine, aient le droit d’émettre davantage de gaz à effet de serre. Ces officiels rappelaient aussi que la Chine est le premier investisseur mondial dans les énergies renouvelables.
Un accord pour mettre fin aux investissements dans le gaz naturel pour fin 2022…
Plus globalement, cette COP26 a marqué une vraie scission entre les pays prêts à prendre des engagements sur leur sortie des énergies fossiles, et les autres. Un premier accord a ainsi été signé, en début de conférence, promettant la fin des subventions aux projets d’énergies fossiles sans technique de capture de carbone à l’étranger, pour la fin de 2022.
Les Etats-Unis et le Canada figurent au premier rang des signataires, au coté de pays comme l’Italie, l’Espagne ou le Royaume-Uni, et d’organisations de financement public comme la Banque Européenne d’Investissement ou l’Agence Française de Développement. Ils furent rejoints quelques jours plus tard par l’Allemagne et les Pays-Bas, puis, in extremis, par la France, qui avait, dans un premier temps, refusé cet accord, et se retrouvait bien esseulée en Europe sur cette question, et sous le feu des critiques des ONG environnementales.
… avec les Etats-Unis, le Canada, l’Union Européenne, mais sans la Chine, l’Inde, le Japon, la Corée du Sud ou l’Australie
Les grandes puissances économiques d’Amérique du Nord et de l’Union Européenne vont donc cesser d’investir dans le gaz naturel à l’étranger, dès la fin de l’année prochaine. Mais cet engagement ne s’étend bien entendu pas aux groupes pétroliers issus de ces pays, qui devraient continuer leurs investissements, y compris des groupes détenus en partie par des Etats, comme Engie en France.
Par ailleurs, les grandes économies d’Asie (Chine, Japon, Corée du Sud, Inde), le Brésil ou l’Australie n’ont pas signé cet accord. L’impact sur les investissements mondiaux dans le gaz naturel devraient être réel, mais limité.
Une coalition pour sortir du pétrole et du gaz naturel…
La COP26 a été aussi l’occasion, pour une dizaine de pays et régions, de présenter l’alliance BOGA, pour Beyond Oil and Gas Alliance, « l’alliance pour aller au-delà du pétrole et du gaz ». Présidé par le Danemark et le Costa Rica, cette alliance vise “une sortie maîtrisée du pétrole et du gaz.”
Le ministre danois pour le Climat, Dan Jorgensen, a affirmé que l’ère des fossiles devait s’achever, et « pas parce qu’il n’y a plus de pétrole sous terre, mais parce que les gouvernements décideront de faire ce qu’ils doivent : sortir de la production de pétrole et de gaz ».
… composée de dix pays qui n’en produisent pas
Cette coalition se propose par ailleurs d’offrir une aide technique aux pays pour programmer leur sortie du gaz et du pétrole. Mais l’impact de cette alliance devrait, là encore, être limité. D’une part parce que cette alliance ne s’appuie sur aucun engagement précis et chiffré.
Et d’autre part car les pays qui la compose sont peu nombreux et ne produisent pas, pour leur majorité, d’hydrocarbures : outre le Danemark et le Costa Rica, l’alliance comprend, comme membre à part entière, la France, le Groenland, l’Irlande, le Québec, la Suède et le Pays de Galles, ainsi que trois membres associés (Californie, Portugal, Nouvelle-Zélande), et un membre ami avec l’Italie. Pas de quoi peser fortement, pour l’instant du moins, sur les choix énergétiques mondiaux.
Le gaz naturel garde un rôle-clé dans l’avenir de l’énergie mondiale
Cette COP26 a donc soulevé la question de la sortie des énergies fossiles, et a clairement pointé la sortie du charbon comme la plus brûlante des priorités. Mais les positions du pétrole et, surtout, du gaz naturel, ont été modérément attaquées.
Le gaz naturel conserve en effet l’atout d’être l’énergie fossile qui émet le moins de gaz à effet de serre, et la seule, avec l’hydro-électricité, à pouvoir proposer des centrales électriques pilotables à la minute près, ce qui le rend indispensable au développement à court et moyen terme, de mix électrique incluant une part importante de renouvelables intermittents (éolien et photovoltaïque). Son intérêt économique et géopolitique devrait donc rester considérable.