Début novembre 2021, le groupe italien Eni a achevé le forage en mer du premier puits de GNL du Mozambique, au large de la côte nord du pays. La plateforme de liquéfaction flottante de gaz du puits devrait être opérationnelle durant le premier semestre 2022, permettant au Mozambique de commencer l’exploitation de ses importantes réserves de gaz naturel. D’incessantes attaques djihadistes dans la province de Cabo Delgado ont provoqué, en début d’années, la suspension d’un méga-projet gazier mené par TotalEnergies.
Au début des années 2010, deux très importantes réserves de gaz naturel ont été découvertes au Mozambique, dans le bassin de la Rovuma, au large de la province de Cabo Delgado, au nord du pays. Les réserves totales sont estimées à 5 000 milliards de mètres cubes de gaz. Elles pourraient faire du Mozambique, d’ici quelques années, le quatrième exportateur de GNL mondial, derrière les Etats-Unis, l’Australie et le Qatar.
Les attaques djihadistes ont contraint TotalEnergie à suspendre son projet gazier au Mozambique
Mais la valorisation de ce potentiel se heurte pour l’heure aux incessantes attaques djihadistes dans le Cabo Delgado, une province pauvre à majorité musulmane située à la frontière avec la Tanzanie. Depuis 2017, les violences ont déjà fait 3 340 morts et 800 000 déplacés.
Début avril 2021, une attaque djihadiste a visé, dans la ville côtière de Palma, le projet Mozambique LNG, mené par TotalEnergies, qui concerne l’exploitation du premier bloc off-shore, le plus proche dez côtes, communément appelé la « zone 1 ». Suite à cette attaque meurtrière, le groupe français a annoncé, le 26 avril 2021, la suspension du projet face à une situation de « force majeure ».
Sécuriser le Cabo Delgado pour pouvoir exploiter son GNL
La Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), ainsi que le Rwanda, ont envoyé des troupes sur place pour épauler l’armée mozambicaine. Pour sécuriser cette zone, le gouvernement du Mozambique a annoncé, ce 11 novembre 2021, la création d’une force spéciale composée de soldats d’élite et de policiers.
Le président du Mozambique, Filipe Nyusi, a remplacé ses ministres de la Défense et de l’Intérieur, afin de durcir la répression contre les djihadistes, et mener à bien les lucratifs projets gaziers du pays.
Le second bloc off-shore, plus au large, est à l’abris des djihadistes
En revanche, l’exploitation du second bloc off-shore, situé plus au large du Cabo Delgado, et donc à l’abris des djihadistes, a commencé. Ce second bloc, baptisé « zone 4 », est composé de trois gisements, situés en eaux profondes, Coral, Mamba Complex et Agulha.
La concession de cette zone 4 a été confié à Mozambique Rovuma Venture (70%), associée à la société sud-coréenne Kogas (10%), la portugaise Galp Energia (10%) et la Société nationale des hydrocarbures du Mozambique ENH (10%). Mozambique Rovuma Venture est un consortium de géants pétroliers, composé de l’italien Eni (35,7% des parts),de l’américain ExxonMobil (35,7%) et le groupe chinois CNPC (28,6%).
Eni achève le forage du premier puits gazier du Mozambique
L’exploitation de cette zone 4, dans le cadre du projet « Rovuma LNG », a commencé par le gisement Coral, confié à Eni, et dont l’objectif est de mettre en production 450 milliards de mètres cubes de gaz. Début novembre 2021, Eni a achevé le forage du premier puits de gaz naturel offshore du Mozambique, dans le cadre de Coral Sud.
Le 5 novembre 2021, suite à un entretien entre le patron d’Eni Claudio Descalzi et le président du Mozambique Filipe Nyusi à Maputo, le ministre des Ressources minérales et de l’Energie Max Tonela a annoncé que la production du GNL par Eni commencerait au premier semestre 2022.
Vers une mise en production au premier semestre 2022
La plateforme de liquéfaction flottante de gaz du site est actuellement en construction sur le chantier naval de Geoje, en Corée du Sud. Elle « devrait être achevée cette année, ce qui laisse présager un démarrage de la production et de l’exportation de gaz naturel par le Mozambique d’ici la fin du premier semestre 2022 », a précisé Max Tonela.
Ce puits sera ainsi « le premier projet à valoriser les grandes réserves de gaz que nous avons découvertes au Mozambique », pointe Claudio Descalzi. L’ensemble du GNL produit doit ensuite être vendu au groupe British Petroleum.
Le Mozambique va se doter d’une centrale électrique au gaz
Le 10 novembre 2021, le groupe britannique GL Africa Energy a profité d’un sommet sur l’énergie en Afrique, au Cap, en Afrique du Sud, pour présenter à d’éventuels investisseurs un projet de centrale électrique au gaz naturel de 250 MW au Mozambique, dans la province de Nampula, au nord-est du pays, au sud du Cabo Delgado, dans une zone sécurisée.
D’un budget de près de 350 millions d’euros, cette centrale au gaz « sera opérationnelle au deuxième trimestre 2023 et fournira de l’électricité à plus d’un demi-million de personnes », a déclaré à l’AFP Mamadou Goumble, directeur du groupe Janus Continental, la holding qui détient GL Africa Energy. Elle permettra notamment de soutenir le secteur de la pêche : « C’est une activité économique clef dans la région, mais aujourd’hui les pêcheurs n’ont pas d’électricité pour conserver au froid le fruit de leur travail », précise Mamadou Goumble.
Cette centrale thermique doit permettre au Mozambique de valoriser ses réserves de gaz naturel, pour soutenir le développement économique du pays, et en particulier son électrification. Mais, dans un premier temps, la centrale de Nampula pourrait utiliser du GNL importé, pour ne pas être dépendante de l’approvisionnement venu du Cabo Delgado.