TotalEnergies a rendu publics, le 23 mai 2023, le rapport de Jean-Christophe Rufin sur les droits humains dans le Cabo Delgado ainsi que le plan d’actions décidé par les partenaires du projet Mozambique LNG. Ces différents éléments vont dans le sens d’un apaisement de la situation humanitaire et sécuritaire sur place. Pas de quoi formaliser encore, toutefois, la date d’une reprise du projet gazier.
Porté par TotalEnergies et doté d’un budget de 18 milliards d’euros, le projet Mozambique LNG prévoit d’exploiter un gisement gazier offshore au large de la province à majorité musulmane du Cabo Delgado, au nord du Mozambique, et de l’exporter sous forme de GNL.
TotalEnergies rend public le rapport Rufin sur le Cabo Delgado
En mars 2021, une attaque djihadiste à proximité du chantier, couplée à une contestation latente contre le projet de la major pétrolière, jugée trop invasive (un village a été évacué pour y construire des installations), a contrait TotalEnergies de suspendre le chantier.
La situation sécuritaire dans le Cabo Delgado s’est depuis largement améliorée, la capitale régionale a été reprise aux djihadistes et les lignes maritimes ont été rouvertes. Le président de TotalEnergies, Patrick Pouyanné, s’est même rendu sur place au printemps 2023.
En décembre 2022, ce dernier avait demandé à Jean-Christophe Rufin, écrivain, ancien médecin et président d’ONG, un rapport sur la situation humanitaire et sécuritaire dans la province. Le 23 mai 2023, TotalEnergies a rendu public ce rapport ainsi que le plan d’actions arrêté par les partenaires de Mozambique LNG sur la base des recommandations de ce rapport.
« Une situation humanitaire en amélioration dans le nord du Cabo Delgado »
La major pétrolière rappelle d’abord que, selon ce rapport, le conflit au Cabo Delgado « a des origines antérieures aux projets de développement gaziers et prend racine dans de nombreux facteurs qui ne sont pas liés au projet Mozambique LNG » – manière de se dédouaner d’une partie des critiques faites contre le groupe pour son attitude avec les populations locales.
Dans le même ordre d’idée, le rapport pointe « la qualité d’exécution et l’impact positif des actions menées par Mozambique LNG sur les conditions de vie des populations ».
Plus factuellement, TotalEnergies précise que le rapport montre « une situation humanitaire en amélioration dans le nord du Cabo Delgado, avec notamment le retour des populations déplacées par le conflit dans la ville de Palma, et dans une moindre mesure dans la ville de Mocimboa Da Praia ».
Des recommandations pour améliorer l’acceptabilité du projet gazier
Jean-Christophe Rufin recommande par ailleurs à TotalEnergies d’agir davantage pour réparer les préjudices subis par les populations, en assurant notamment la relocalisation des personnes expulsées et le versement des compensations promises.
Le rapport insiste ainsi pour améliorer rapidement « la mise à jour des inventaires des biens des personnes affectées, le délai de paiement des compensations, la mise à disposition de terres agricoles, et l’accès aux zones de pêche ».
Un plan d’action validé par Mozambique LNG
TotalEnergies précise aussi que l’ensemble des partenaires de Mozambique LNG (une filiale de la major pétrolière détient 26,5 % des parts, le groupe japonais Mitsui 20 % et cinq groupes mozambicains le reste) ont approuvé un plan d’action sur la base de ces recommandations, afin de répondre aux différentes problématiques soulevées par Jean-Christophe Rufin.
Le consortium s’engage par ailleurs à créer une fondation dédiée au développement économique et humain dans la province, doté d’un budget de 200 millions d’euros. Il veut également revenir sur les relations avec les Forces Armées Mozambicaines, afin de garantir la sécurité du site.
« Pas de date de restart à cette heure »
Pour autant, ces différentes annonces ne signifie pas qu’un calendrier de reprise est déjà envisagé. « Tout en notant des améliorations sur le plan sécuritaire sur le terrain, il n’y a pas de date de restart à cette heure », a ainsi indiqué TotalEnergies.
C’est que, au-delà de ces questions centrales et fondamentales de sécurité, le groupe doit s’assurer que les coûts de reprise seront maîtrisés, et préfère sans doute attendre un vrai apaisement des tensions avec les populations locales pour reprendre ses travaux. Reste que ce projet demeure à l’agenda de la major pétrolière, malgré les critiques de plus en plus vive sur son manque d’ambition climatique.