TotalEnergies fait une fausse sortie des énergies fossiles

Alors qu’il s’est engagé à atteindre la neutralité carbone nette en 2050, TotalEnergies fait toujours du surplace, au grand dam des ONG environnementales. Il y a quelques jours, le groupe pétro-gazier a ciblé une nouvelle fois les énergies fossiles, présentées comme une source attendue de forte croissance.

Le mercredi 2 octobre, à l’occasion d’une réunion avec les investisseurs et actionnaires au siège américain de son groupe à New York, le PDG de TotalEnergies Patrick Pouyanné a présenté la stratégie et les perspectives de la major tricolore pour les deux prochaines années. Il a annoncé une hausse de 4 % par an de la production globale d’énergie jusqu’en 2030.

Six projets « majeurs » pour 2024

Le dirigeant a précisé que l’électricité ne représentera que 20 % de la production, dont 70 % issue des renouvelables et 30 % du mixte gaz et électricité afin de soutenir la rentabilité de son modèle « multiénergies intégré ». Il a également annoncé une croissance de 50% dans le gaz naturel liquéfié (GNL), entre 2024 et 2030. Quant aux hydrocarbures, le PDG table sur une hausse de 3 % par an.

Patrick Pouyanné a en outre confirmé que TotalEnergies bouclera six projets « majeurs » en 2024, dont un au Suriname, où le groupe va investir plus de 10 milliards de dollars dans l’exploration pétrolière. La major française y exploitera une unité offshore, avec une capacité de 220 000 barils par jour. La production doit débuter en 2028. Il y a aussi le Brésil, l’Angola, Oman et le Nigéria.

TotalEnergies à des années-lumière d’une stratégie de transition 

Sur les émissions des opérations, Patrick Pouyanné a parlé d’une réduction de 40 % en 2030, par rapport à 2015. Mais cette baisse se fera uniquement sur ses scopes 1 et 2, et non sur le 3, résultant de l’utilisation des produits. Cette feuille de route est critiquée par les ONG environnementales, qui rappellent que TotalEnergies s’est engagé à stopper le développement de nouveaux champs pétroliers et gaziers dès maintenant pour sortir des énergies fossiles d’ici 2050. Pour Antoine Bouhey, coordinateur au sein de l’ONG Reclaim Finance, « TotalEnergies est à des années-lumière d’une stratégie de transition ».

Les banques continuent de financer les énergies fossiles

Le responsable d’ONG déplore le fait que la multinationale augmente sa production de pétrole et de gaz, « malgré l’accélération du réchauffement planétaire, les cris d’alarme de la communauté scientifique et des communautés impactées par ses projets ». Mais il ne s’en prend pas uniquement à TotalEnergies. Il en veut aussi aux banques qui participent à l’émission et à l’achat de nouvelles obligations. Ces établissements, comme Société générale et le groupe Banque populaire-Caisse d’épargne (BPCE), injectent chaque année des milliards de dollars dans les énergies fossiles.

TotalEnergies veut transférer sa cotation à New York

Dans un tel cadre comment contraindre TotalEnergies d’emprunter un chemin vertueux ? La compagnie n’a d’ailleurs pas réellement l’intention d’abandonner les hydrocarbures, face à une demande croissante dans le monde. Pour pomper son gaz et son pétrole loin des pressions des écologistes et législateurs européens, elle compte transférer sa cotation de Paris à New York. Signe qu’elle reste sourde à tout appel. Patrick Pouyanné a été plutôt clair la semaine dernière en déclarant que la croissance de son groupe irait de pair avec le développement de nouveaux projets. Business first, peut-on dire.

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