Malgré des stocks élevés, l’Europe craint un début d’année 2025 difficile. Le marché mondial du GNL reste sous pression en raison de facteurs météorologiques et géopolitiques. Le prix du gaz pourrait augmenter dans un tel contexte.
Pour le troisième hiver depuis le début de la guerre en Ukraine, l’Europe est quasiment à l’abri d’une pénurie de gaz. Ses stocks actuels sont élevés. Au début du mois d’octobre, ils atteignaient 94 %, de leurs capacités, au-delà de l’objectif de 90 % fixé par les États membres de l’Union européenne.
Le marché mondial du GNL se prépare à un hiver rigoureux
En dépit de ces réserves abondantes, le prix du gaz naturel liquéfié (GNL) reste élevé. Il se situe au-dessus de 13 dollars par million d’unités thermiques britanniques (mBtu). C’est plus que son niveau d’avant la crise de 2022. Cette hausse s’explique par plusieurs facteurs. D’abord, le marché mondial du GNL se prépare à un hiver rigoureux compte tenu des dernières tendances de température dans l’hémisphère Nord.
Un hiver trop froid obligerait l’Europe à recourir à ses centrales électriques au gaz, augmentant ainsi la consommation de ce dernier. De plus, ce temps s’accompagne d’une baisse de la production d’électricité par les éoliennes en raison d’une absence de vent. En Asie du Nord-Est aussi, la météo n’est pas tendre, du fait du phénomène El Niño. Cette région pourrait connaître une saison extrême, créant une demande supplémentaire de gaz.
Vers un arrêt des livraisons de gaz russe via l’Ukraine
Selon les estimations, la demande de GNL devrait croître de 26 millions de tonnes supplémentaires, si les températures baissaient drastiquement en Europe et en Asie du Nord-Est. Autre préoccupation du marché, la possibilité d’une nouvelle réduction des importations européennes de gaz par gazoduc. En effet, l’Ukraine a annoncé qu’elle ne renouvellerait pas l’accord de cinq ans qui permet à la Russie d’acheminer du gaz via son territoire vers l’Europe centrale. Cet accord expire en décembre.
Or la Russie représente encore une part importante du gaz européen (jusqu’à 15 mmc l’année dernière), en dépit d’une réduction drastique du volume depuis l’invasion de l’Ukraine. Si les livraisons russes par le territoire ukrainien s’arrêtaient après décembre, la France, par exemple, perdrait un cinquième de sa consommation de gaz d’origine russe. Ce qui ferait inexorablement monter les prix. Un échange avec l’Azerbaïdjan n’y ferait rien.
Plusieurs autres sources d’inquiétudes pour le marché du GNL
Plusieurs autres facteurs peuvent affecter l’approvisionnement européen. On peut citer l’impact des sanctions occidentales sur la production du terminal Arctic LNG 2 russe, l’échec du projet visant à faire de l’Égypte un fournisseur fiable de GNL, les fluctuations dans les flux de gaz algérien ou encore la réduction de la production des champs gaziers norvégiens à cause des travaux de maintenance. Pendant ce temps, les États-Unis, qui avaient comblé en partie le manque causé par l’absence du gaz russe, souhaitent désormais fermer le robinet pour satisfaire leurs propres besoins.
Le gaz pourrait coûter plus cher au début de l’année prochaine ?
L’Europe pourrait ainsi se retrouver sous pression après le mois de décembre, avec un hiver rigoureux et la fin des exportations russes. Certains analystes estiment que le prix du gaz atteindra facilement 16 dollars par mBtu au début de l’année prochaine. Pour compenser les pertes, les pays européens ont toujours la possibilité de se tourner vers les centrales nucléaires et les barrages hydroélectriques, qui ont bénéficié de pluies abondantes pendant l’automne.