Selon une nouvelle étude de Wood Mackenzie, un nouvel approvisionnement significatif en GNL américain est nécessaire pour freiner la consommation croissante de charbon en Asie. Mais pour cela, il faudrait lever les restrictions sur les exportations. Si c’est fait, le gaz américain représenterait jusqu’à un tiers des exportations mondiales d’ici 2035.
Un nouvel approvisionnement significatif en gaz naturel liquéfié (GNL) américain est nécessaire pour répondre aux besoins croissants en énergie de l’Asie et pour réduire sa dépendance au charbon. C’est ce qu’affirme une nouvelle étude de Wood Mackenzie, commandée par l’Asia Natural Gas & Energy Association (ANGEA). Cette enquête repose sur la modélisation de la demande énergétique, de la production d’électricité et des implications pour la demande de gaz des nations asiatiques jusqu’en 2050.
L’Asie a d’énormes besoins en gaz naturel
L’Asie, qui reste le moteur de la croissance économique mondiale, est confrontée à des défis majeurs en matière de transition énergétique. Elle ne dispose pas de ressources suffisantes en gaz naturel et dépend de plus en plus des importations de GNL. Selon l’étude de Wood Mackenzie, la demande de GNL de cette région pourrait presque doubler dans les prochaines décennies, passant de 270 millions de tonnes en 2024 à 510 millions de tonnes par an d’ici 2050. Cet important bond reflète les besoins croissants d’économies émergentes comme l’Inde, le Vietnam et l’Indonésie, qui ont besoin d’une énergie suffisante pour soutenir leur croissance économique et leurs investissements industriels.
De la nécessité de lever les restrictions sur les exportations de GNL américain
D’après Wood Mackenzie, le GNL des Etats Unis, en tant que premier exportateur mondial, apparaît comme une solution clé pour répondre à ces besoins croissants. Cependant, la capacité de l’Amérique à maintenir son rôle stratégique dépend largement des politiques américaines. Alors que Donald Trump, qui prend fonction dans un mois, promet une rupture totale dans les politiques de Washington, l’étude recommande une levée des restrictions sur les exportations. Si les États-Unis reprennent les approbations d’exportation vers les pays non liés par des accords de libre-échange dès 2025, souligne Wood Mackenzie, ils pourraient représenter jusqu’à un tiers des exportations mondiales de GNL d’ici 2035.
Sans le GNL américain, la consommation de charbon va augmenter en Asie
En revanche, en cas de maintien des restrictions actuelles, l’Asie devra se tourner vers des sources alternatives moins compétitives. Ce choix pourrait entraîner une augmentation des prix du GNL, rendant difficile le remplacement du charbon dans plusieurs pays émergents de cette région très dynamique. Une baisse de 30 % de la demande en GNL due à des prix élevés provoquerait une consommation supplémentaire de 95 millions de tonnes de charbon, un combustible très problématique pour l’environnement. En cas de faiblesse de l’approvisionnement américain, les pays asiatiques peuvent toutefois miser sur d’autres fournisseurs comme la Russie et le Qatar. Mais ceux-ci pourraient ne pas pouvoir suivre le rythme de croissance de la demande prévue.
Des limitations avec les énergies renouvelables
L’Asie a également la possibilité de se tourner vers les énergies renouvelables pour répondre à sa forte demande. Malheureusement, plusieurs pays, tels que l’Indonésie et le Vietnam, se heurteront à des défis logistiques et financiers importants. En effet, ils seront confrontés à des contraintes de réseau et un stockage insuffisant pour compenser l’intermittence des énergies solaires et éoliennes. En même temps, ils souffrent de limitations géographiques, comme la faible densité de vents en Indonésie ou la densité de population élevée au Bangladesh. Par ailleurs, il faudra composer avec des régimes tarifaires peu attractifs pour les investisseurs étrangers. Le GNL américain restera donc essentiel, estime Wood Mackenzie.