La cessation du transit de gaz russe par l’Ukraine agite l’Europe de l’Est

Plusieurs pays sont directement touchés par la décision de Volodymyr Zelensky, à commencer par l’Ukraine elle-même, qui verra une diminution de ses revenus.

À compter du 31 décembre au soir, l’Ukraine cessera de permettre le transit du gaz russe à destination de l’Europe via son territoire. Cette décision, annoncée cet été par le président ukrainien, marque la fin du contrat de cinq ans signé avant l’invasion russe. Ce contrat garantissait l’utilisation du réseau de gazoducs ukrainiens pour acheminer le gaz russe vers l’Europe.

En 2021, avant le conflit, le gaz russe représentait près de 40 % de l’approvisionnement européen. Depuis, cette part a été considérablement réduite, parfois divisée par trois ou quatre, entraînant une hausse des prix énergétiques à travers l’Europe.
Les pays d’Europe de l’Est, tels que la Slovaquie, la Moldavie et, dans une moindre mesure, la Hongrie, restent particulièrement dépendants de cette source d’énergie. La décision de Kiev aura donc des répercussions au niveau européen, mais c’est l’Ukraine elle-même qui en ressentira les premiers effets.

Une perte économique pour l’Ukraine

En mettant fin au transit du gaz russe, Kiev renonce à une importante source de revenus. Selon Patrice Geoffron, économiste et directeur du Centre de géopolitique de l’énergie et des matières premières (CGEMP) à l’Université Paris-Dauphine, ces revenus représentent environ 0,5 % du PIB ukrainien. Bien que modeste, cette perte n’est pas négligeable dans le contexte économique actuel du pays.

Le rôle croissant du GNL américain

Pour compenser la baisse des importations de gaz russe, l’Union européenne se tourne vers le gaz naturel liquéfié (GNL), principalement fourni par les États-Unis. L’Ukraine a récemment reçu sa première cargaison de GNL américain, le 27 décembre. Cependant, ces approvisionnements ne suffisent pas encore à couvrir les besoins laissés vacants par l’absence de gaz russe.
En pleine période hivernale, cette situation pourrait accentuer la pression sur les prix du gaz, déjà élevés. Le prix de référence du gaz sur le marché néerlandais, par exemple, est actuellement d’environ 45 euros par kilowattheure, soit 10 euros de plus qu’il y a un an, selon Patrice Geoffron. Cette hausse reste toutefois temporaire, car la Commission européenne prévoit d’éliminer totalement la dépendance au gaz russe d’ici 2027, avec une augmentation progressive des importations de GNL.

Les tensions avec la Slovaquie

La Slovaquie est particulièrement affectée par cette décision. En grande partie dépendante du gaz russe, elle dénonce fermement l’arrêt du contrat, qui a des implications économiques et politiques majeures pour le pays. Le Premier ministre slovaque, Robert Fico, a critiqué Kiev pour avoir compromis l’approvisionnement en gaz de son pays et a menacé de cesser les livraisons d’électricité à l’Ukraine, indispensables en cas de défaillances de son réseau énergétique.

Malgré ces tensions, des solutions alternatives pourraient émerger. D’après Patrice Geoffron, les infrastructures européennes permettent un acheminement inverse du gaz, de l’ouest vers l’est, pour approvisionner des pays comme la Slovaquie. Cependant, ces solutions auraient des coûts économiques nettement plus élevés pour Bratislava.

Malgré ce différend énergétique, la Slovaquie a proposé, le 27 décembre, d’accueillir des pourparlers de paix entre l’Ukraine et la Russie sur son territoire.

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A propos de l'auteur Alain Gustave

Titulaire d'un diplôme de journalisme, Alain Gustave est journaliste indépendant, spécialisé sur l'industrie, la politique et la géopolitique de l'énergie (schiste, pétrole, gaz, charbon, nucléaire, renouvelable, hydraulique) pour différents journaux...

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