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Lors de sa campagne, Donald Trump a promis d’ouvrir à fond les vannes des hydrocarbures, notamment du gaz. Et le nouveau président américain ne veut surtout pas s’encombrer des considérations environnementales. Mais peut-il se permettre de pomper sans retenue ces ressources tarissables ? A combien s’élèvent d’ailleurs les réserves prouvées aux Etats Unis ?
« Drill, baby, drill. » (« Fore, bébé, fore », tel était le slogan aux allusions sexuelles de Donald Trump lors de sa campagne présidentielle, largement financée par les lobbies des énergies fossiles. A travers ces mots, on comprend que le nouveau président des États-Unis souhaite une intensification de l’exploitation des ressources énergétiques de son pays. Et qu’on ne lui parle surtout pas du réchauffement climatique et autres inquiétudes environnementales. Il n’y croit pas du tout.
« Les États-Unis ont la plus grande quantité de pétrole et de gaz de tous les pays du monde »
Selon Donald Trump, les États-Unis « ont quelque chose qu’aucune autre nation n’aura jamais : la plus grande quantité de pétrole et de gaz de tous les pays du monde […] ». Grâce à ces ressources, assure-t-il, la première économie du monde sera de nouveau une nation prospère. Le pays de l’Oncle Sam a-t-il vraiment les plus importantes réserves d’hydrocarbures au monde ?
Pas facile d’avoir une estimation nette des réserves
Il faut noter qu’il est très difficile d’avoir une estimation de la quantité totale d’hydrocarbures encore exploitable aux États Unis. Les chiffres ne reposent que sur des réservoirs connus et exploités. Au fil de l’évolution des techniques d’exploration, on découvre de nouveaux réservoirs d’’hydrocarbures, notamment ceux que l’on qualifie de « non conventionnels » et qui ont récemment fait bondir les quantités de réserves prouvées.
Les réserves américaines de gaz de schiste estimées à 393 779 milliards milliards de m3
Au premier rang des hydrocarbures non conventionnelles figure le gaz de schiste et le pétrole de schiste, dont l’extraction par fracturation hydraulique est fortement décriée en Europe pour son impact nocif sur l’environnement. En 2007, les réserves de gaz de schiste aux États-Unis étaient estimées à 23 304 milliards de m3. En 2021, elles atteignaient 393 779 milliards de m3. Cette importante réévaluation (de plus de 1500% concerne aussi le pétrole de schiste, dont les réserves ont été multipliées par 2000 entre 2007 et 2023.
La production du gaz de schiste constitue 51% de l’ensemble de la production de gaz des États-Unis
Entre 2007 et 2021, la production de gaz de schiste américaine est passée de 1 293 milliards de m³ à 27 985 milliards de m³. Ce qui correspond à une augmentation de plus de 2000 % sur cette période. Actuellement, cette production constitue 51% de l’ensemble de la production de gaz des États-Unis. Au moins 90% des réservoirs américains se trouvent dans sept grands bassins. Parmi lesquels les bassins de Marcellus en Pennsylvanie, de Virginie-Occidentale, de Barnett et d’Eagle Ford au Texas.
Donald Trump a tout le temps de forer
Le bassin de Marcellus, en particulier, produit quotidiennement environ 113 000 m3. Ses puits (plus de 13 000 recensés en 2024) pourraient être exploités jusqu’en 2075 voire 2100. C’est à peu près à cette époque que les experts voient la fin des combustibles fossiles. Donald Trump a donc tout le temps de forer comme un dingue. Pour ce qui concerne ses déclarations sur l’immensité des réserves américaines, elles ne reposent pas sur les statistiques actuelles, en tout cas pour ce qui concerne le gaz naturel.
Les États-Unis, premiers producteurs de gaz naturel depuis 2009
En effet, les États-Unis ne sont que le 4e pays en réserves prouvées de gaz naturel avec 12 700 milliards de m3, derrière la Russie (47 800 milliards de m3), l’Iran (33 500 milliards m3) et le Qatar (24 300 milliards m3). Au niveau du pétrole, ils occupent le 10e rang avec 36 milliards de réserves en barils. Toutefois, les États-Unis sont les premiers producteurs de gaz naturel depuis 2009 et les premiers producteurs de pétrole brut depuis 2018. Le pays n’a donc pas commencé à forer intensément sous Trump…