Alors que l’Union européenne mène des négociations avec plusieurs fournisseurs de gaz naturel, le russe Gazprom n’entend pas laisser le marché européen aux concurrents. Au premier rang desquels les Etats-Unis.
Depuis quelques temps, Gazprom est attaqué de toute part par l’Union Européenne qui cherche à se défaire coûte que coûte de sa trop forte dépendance du point de vue de sa fourniture en gaz naturel. Le gazier russe dominant largement le marché encore à ce jour. Et depuis la crise avec l’Ukraine de 2008, la Commission a décidé de sanctionner commercialement la Russie en se tournant vers d’autres fournisseurs. Des négociations sont actuellement ainsi menées avec de grands pays producteurs tels que le Nigéria, le Venezuela, le Canada, l’Australie, le Japon ou encore l’Algérie. Parallèlement, l’UE attend beaucoup de la construction de deux gazoducs reliant la Mer Caspienne au Vieux-Continent afin de bénéficier cette fois du gaz en provenance d’Azerbaïdjan. Et à terme également, l’Iran pourrait même vendre son gaz à l’Union.
Mais le principal concurrent potentiel de Gazprom, ce sont les Etats-Unis. La révolution du gaz de schiste passée par là, les USA sont en possession de réserves gigantesques prêtes à inonder le marché européen, très demandeur. Et toute la guerre commerciale se situe sur ce point : qui de Gazprom ou de l’Oncle Sam remportera le match ? A en croire une étude récente de la compagnie US Wood Mackenzie, l’Union européenne pourrait devenir le tout premier acheteur du gaz américain, pour 55% d’ici 2020 à peine. De quoi donner des sueurs froides à Gazprom et à son patron Medvedev. Et il faut dire que les opérations de livraisons du gaz américain sont déjà en cours de lancement, avec une première cargaison qui partira entre fin février et début mars. La lutte est donc lancée, d’autant que les USA continuent de construire d’imposants terminaux gaziers de liquéfaction en vue de l’expédition de leur gaz.
Toujours l’avantage à Gazprom
Un avenir sombre pour Gazprom se dessine-t-il ? Dans le moyen voire long terme, oui certainement, mais pour le moment, l’avantage est toujours du côté russe. Car les cours bas du GNL, qui suivent ceux du pétrole, permettent au gazier de rester plus compétitif en termes de prix que le gaz US. Les coûts additionnés pour le transporter, le liquéfier, puis le gazéifier à nouveau sont plus élevés que ceux de Gazprom.
Mais pour le moment seulement, car la plupart des observateurs estiment que le cours du pétrole dépassera fatalement la barre des 50 dollars, contre 30 actuellement. Et avec un brut à 50 dollars, le prix du gaz remontera donc mécaniquement, ne rendant plus de facto si attractif le gaz russe.
L’emprise de Gazprom sur l’Union européenne reste donc encore forte, avec des parts de marchés qui ont augmenté en une année, passant de 30% à 31%. Le russe sait qu’il conserve encore une longueur d’avance face à ses concurrents qui ne sont soit ni encore prêts soit plus chers. Pour l’instant en tout cas.