La France ainsi que d’autres pays d’Europe vont-ils bientôt consommer du gaz en provenance du Turkménistan ? Une hypothèse qui semble se confirmer à en croire les déclarations récentes du président turkmène qui vient d’inaugurer un imposant gazoduc.
Frontalier de l’Iran, le Turkménistan possède les quatrièmes réserves mondiales de gaz naturel. Un pays qui ne fait pas grand bruit mais qui est assis sur un véritable trésor énergétique qu’il compte bien exploiter comme il se doit. Et pour ce faire, un gazoduc de 800 kilomètres de long et qui a nécessité un investissement total de 2,5 milliards de dollars a été finalisé il y a peu et inauguré en grandes pompes par le président Gourbangouly Berdymoukhamedov le 23 décembre dernier. Son but premier : relier les gigantesques champs gaziers de l’est en passant par le centre jusqu’à l’ouest de ce pays d’Asie centrale. Mais cette connexion structurelle n’a pas pour seule finalité de relier les différentes régions du pays mais de soutenir également son économie et plus particulièrement le tissu industriel de l’ouest. Un double coup qui introduit en réalité un troisième encore plus ambitieux : mettre le pays en capacité d’exporter massivement son gaz naturel à destination de son voisin iranien mais également à destination de l’intégralité des pays d’Europe de l’ouest. Des pays que l’on sait demandeur d’une diversification des approvisionnements en gaz, sur fond de volonté de briser leur dépendance vis-à-vis du gaz russe.
Le gazoduc transcaspien, l’infrastructure idéale
Le Turkménistan utiliserait le gazoduc traversant la Mer Caspienne pour alimenter les chaudières européennes de son gaz particulièrement abondant. Une note du CNRS et de la Commission Européenne fait par ailleurs mention d’une capacité de livraison plus que conséquente estimée à près de 30 Gigas mètres cubes de gaz par an. Et à vrai dire, concernant la possibilité de recevoir en Europe du gaz en provenance du Turkménistan, les choses avancent plutôt bien, le président Berdymoukhamedov déclarant à cet effet : « Nous menons actuellement un dialogue actif et intéressé avec nos collègues européens afin d’étudier les possibilités de livraisons d’hydrocarbures turkmènes à l’Europe ». Des livraisons qui pourraient par ailleurs débuté dès 2020 voire même plus tôt.
Un deal entre l’Europe et le Turkménistan tomberait à point nommé puisque Bruxelles et Moscou n’ont pas encore apaisé les tensions réciproques relatives notamment à la crise ukrainienne. Depuis quelques temps en effet, l’Europe a notifié sa très nette intention de se défaire de l’emprise du gaz russe et dans sa volonté de diversifier les sources d’approvisionnement, l’Azerbaïdjan a été plus que sérieusement approché. Il faudra selon toute logique compter également sur le Turkménistan comme futur fournisseur de gaz naturel. Une situation gagnant-gagnant qui devrait satisfaire chacune des parties.