Bousculé par une chute du prix du pétrole et du gaz, l’énergéticien Engie, à l’instar de ses concurrences, a vécu une année 2015 financièrement difficile mais a déjà un plan pour rebondir.
Après l’annonce de pertes à hauteur de 4,6 milliards d’euros, expliquées par une conjoncture économique internationale difficile, le Président-Directeur-Général d’Engie, Gérard Mestrallet a confirmé la volonté de son groupe de lancer une véritable « révolution profonde du monde énergétique ».
Un pas en avant, un pas en arrière
L’année 2014 avait été bonne. Avec un bénéfice net de 2,4 milliards d’euros, Engie connaît en 2015, une année similaire à 2013 avec une perte historique du un effondrement du prix du pétrole, du gaz et de l’électricité. L’énergéticien explique que ces pertes sont également en parties dues à de fortes dépréciations, estimées à hauteur de 8,7 milliards d’euros. La société a également reconnu avoir manqué de peu ses objectifs pour 2015, avec un excédent brut d’exploitation de 11,3 milliards d’euros et un bénéfice net récurrent de 2,6 milliards, pour un chiffre d’affaires en repli de 6,4 % à 69,9 milliards d’euros. Celui-ci se trouve affecté par la chute des prix et l’indisponibilité de réacteurs nucléaires en Belgique selon les explications fournies par le groupe.
Néanmoins, les prévisions pour 2016 s’annoncent plus favorables. Le groupe a annoncé anticiper un bénéfice net récurrent compris entre 2,4 et 2,7 milliards d’euros en 2016. Engie a d’ores et déjà prévenu que son dividende, stable à 1 euro par action en 2015 et cette année, serait abaissé à 0,70 euro par action pour les exercices 2017 et 2018. Mais cet objectif pourrait se réaliser surtout grâce programme d’économies de coûts opérationnels, qui permettra d’économiser 1 milliard d’euros à l’horizon 2018. Ces économies sont de nature à inquiéter les syndicats qui craignent également une réduction des effectifs.
Parallèlement, d’autres cessions d’actifs sont prévues. Le groupe vise 15 milliards d’euros de rotation d’actifs à la même échéance. Ces opérations concernent 10 GW de centrales à gaz, à charbon et hydroélectriques aux Etats-Unis, ainsi que deux centrales à charbon de 3 GW en Asie. Elles représentent une réduction de la dette nette du groupe de 5,5 milliards d’euros et abaisseront de 20 % sa capacité de production d’électricité à partir de charbon, conformément à l’objectif annoncé lors de la COP 21. Mais ces économies seront accompagnées d’un véritable plan de transformation du groupe et de sa politique.
Accompagner la transition énergétique en France et à l’étranger
Le groupe va opérer un virage stratégique vers des énergies plus propres, délaissant celles fortement émettrice de carbone, afin de devenir le leader mondial de la transition énergétique. Cette ambition assumée va nécessiter des investissements conséquences, estimés à 22 milliards d’euros à ce jour. Ce plan de transformation va se décliner également jusqu’en 2018 et prévoit de mettre l’accent sur les énergies bas carbone, parmi lesquelles le groupe français inclut le gaz.
Pour Isabelle Kocher, la directrice générale qui prendra les commandes du groupe dès le début du mois de mai, « notre portefeuille (production et efficacité énergétique) sera à plus de 90 % bas carbone fin 2018 (contre 75 % en 2015) ». Pour le PDG actuel, Engie ne doit plus seulement être « un fournisseur de gaz et d’électricité » mais doit être « un apporteur de solutions énergétiques et digitales globales pour un monde décarboné ». Dans la même période, le groupe français devrait faire la part belle à des activités à prix régulés, ainsi moins exposées que celles aux prix de marché. « La part du régulé ou du contracté dans notre activité passera de 55 % à 85 % en 2018 », a ainsi annoncé Isabelle Kocher, permettant ainsi de faire fi de la volatilité des cours de l’énergie.
Tout en promettant davantage de services aux industriels et particuliers, Engie entend développer son activité principale à l’internationale. Ainsi, c’est dans cette optique que le groupe français a acquis la société OpTerra, basée en Californie. Avec ses 300 salariés et son chiffre d’affaire de 275 millions de dollars l’an passé, cette acquisition va lui permettre de devenir le troisième acteur dans le secteur des services à l’énergie outre-Atlantique.