Le géant gazier russe Gazprom a augmenté un peu plus encore son influence dans les importations de gaz naturel en Europe en 2015 et 2016. Une position dominante en contradiction avec la volonté de l’Europe.
Malgré les nombreuses déclarations d’intentions, Gazprom continue d’être le tout premier fournisseur de gaz naturel de l’Europe. La compagnie gazière russe a même accru son poids dans différents pays. Alors que le Parlement Européen cherche à tout prix à se défaire de cette domination pour diverses raisons – brouille diplomatique au sujet de l’Ukraine, nécessité de diversifier les ressources pour stabiliser le filon de supply, renégociation des prix… – force est de constater pour le moment, la donne n’a pas du tout changé. Au contraire même, car à en croire les chiffres, Gazprom a nettement augmenté ses parts de marché sur le Vieux Continent.
Aux Pays-Bas, les importations de GNL en provenance de pays autres que la Russie ont diminué de 57% et les exportations de Gazprom ont augmenté de 104% ! En Grèce, malgré le marasme économique, là encore les importations du gaz russe ont littéralement explosé sur la même base qu’en Hollande. En France également, la part du gaz russe a nettement augmenté : +35% d’importations en une année à peine. Et si l’on prend une moyenne portant sur l’intégralité des pays européens, rien que pour l’année 2015, les livraisons de Gazprom ont augmenté de près de 10%. Qu’elle le veuille ou non donc, pour le moment, l’Europe est très dépendante du gaz russe.
Quid des prochaines années ?
Si 2015 et 2016 restent donc des années très marquées par l’emprunte de Gazprom dans les achats de gaz, des changements devraient toutefois se produire sous peu. L’Europe est ainsi en attente de la finalisation de plusieurs infrastructures gazières qui lui permettront de bénéficier de fournisseurs autres que Gazprom. L’Azerbaïdjan notamment, comme l’Algérie également, devraient ainsi selon toute logique voir leur parts de marché nettement augmenter et prendre celles de Gazprom. Un filon annexe qui reste toutefois conditionné par la mise en service opérationnelle du Corridor gazier sud. L’Azerbaïdjan a à cet égard déclaré un peu plus tôt dans l’année que les premières livraisons de GNL arriveraient sur les côtes européennes à l’horizon 2018.
Et de l’autre côté de l’Atlantique également, les premières manœuvres sont en cours. Les Etats-Unis, premier producteur mondial de gaz, ont initié les premières livraisons par méthaniers il y a peu de temps, le Portugal ayant notamment été récemment livré. Mais les quantités restent encore limitées et l’Europe attend un flux supérieur en provenance des USA, le terminal de Dunkerque étant quasiment opérationnel et servira d’un des points d’entrée du GNL US. Azerbaïdjan, Algérie, USA… la liste des nouveaux fournisseurs en gaz de l’Europe est bien étoffée mais ces pays ne sont soit pas encore prêts en termes de mise en place opérationnelle d’infrastructures ou pas encore assez compétitifs en termes de tarif.