En France comme à l’étranger, les observateurs du marché de l’énergie et du gaz en particulier estiment que les USA vont déclencher une guerre commerciale en Europe. Le prix du gaz devrait baisser de manière significative.
La révolution du gaz de schiste porte décidément très bien son nom. Car après avoir bouleversé toute l’économie américaine, il est sur le point de bénéficier à présent aux pays d’Europe, UE en tête. Car la première livraison d’éthane effectuée à la mi-avril par la compagnie US Chenière Energy arrivée sur les côtes d’Europe a ouvert la voie à de futures vagues d’exportations du gaz de schiste américain. Du gaz qui va dorénavant arriver en abondance en France, Italie, Angleterre, Espagne etc…concurrençant ainsi le gaz russe, algérien, qatari ou encore norvégien.
Selon Thierry Bros, analyste pour le groupe Société Générale il s’agit ainsi du « début de la guerre des prix entre le GNL américain et le gaz transporté par gazoduc ». Si jusqu’il y a peu de temps encore le gaz américain continuait d’être bien plus cher à livrer en Europe que celui de Gazprom transporté par gazoduc, les intenses efforts des compagnies américaines couplés à l’assouplissement législatif impulsé par Obama ont rabattu les cartes. Alors que les USA souhaitaient rester des importateurs net de gaz, l’abondance du gaz de schiste et la nécessité de dénicher des relais de croissance ont transformé le pays d’importateur à futur gigantesque exportateur.
Jouer sur les prix pour gagner des parts de marché
Dès lors, les Etats-Unis se sont lancés dans de vastes travaux de mise sur pied d’infrastructures gazières destinées à l’exportation : usine de traitement de l’éthane pour le liquéfier en vue de son transport maritime. En Février déjà, le gaz américain est ainsi parti à destination de l’Asie ou encore du Brésil. C’est donc au tour des Européens à présent de profiter d’un afflux salutaire de l’offre en gaz. Le timing apparaît plus que parfait tant les pays d’UE s’activent pour diversifier leurs sources d’approvisionnement, et surtout pour diminuer leur dépendance vis-à-vis de Gazprom qui continue de peser encore pour un tiers dans la balance totale des fournisseurs de la zone UE.
Le Wall Steet Journal vient d’ailleurs d’annoncer que le Creole Spirit, un imposant méthanier parti des côtes américaines, devrait accoster au Portugal d’ici la fin du mois d’Avril. Les choses ont ainsi grandement bougé en trois mois à peine : le gaz US qui devait peut être circulé dans le réseau européen est en passe de tout bonnement s’imposer comme une ressource majeur.
Si à Paris on estime que le gaz US va chambouler la donne, le son de cloche est identique à Londres également. Le spécialiste Trevor Sikorsy, du cabinet-conseil Energy Aspects, indique que selon lui l’impact des importations « sera progressif, mais cela commence à tout changer », rajoutant même que « le nouveau GNL permettra de faire baisser les prix. La baisse du volume exporté et de la valeur du gaz sera difficile à avaler pour la Russie. »
Gazprom a ainsi du souci à se faire si il veut rester l’un des principaux pour ne pas dire tout premier fournisseur de gaz à l’Europe. Car dorénavant, l’Oncle Sam est entré dans la danse, et n’entend pas baisser la cadence. Les consommateurs européens devraient ainsi rapidement bénéficier d’une baisse du prix du gaz, une aubaine tant pour les particuliers que pour les professionnels.