Dans le cadre de sa journée investisseurs et en vue de la fusion avec le groupe gazier BG Group, Royal Dutch Shell a annoncé la création à compter de l’année prochaine d’une nouvelle division, Gaz intégré.
Royal Dutch Shell a revu en hausse les synergies attendues du projet de rachat de BG Group et a annoncé de nouvelles mesures de réduction des coûts qui visent à rendre cette acquisition rentable même avec des cours du pétrole qui resteraient plafonnés autour de 65 dollars le baril. A ce titre, elle a annoncé la création à compter de 2016, d’une nouvelle division, Gaz intégré. Cette nouvelle entité devrait notamment permettre de faciliter l’intégration de BG Group au sein de Shell, estime le groupe. Elle sera dirigée par Maarten Wetselaar, qui entrera également au comité exécutif.
Un leader brésilien
Le groupe anglo-néerlandais avait annoncé en avril le rachat de BG pour 64 milliards d’euros et espère pouvoir finaliser au début de 2016 cette opération qui devrait en faire un leader du gaz naturel liquéfié et de la production pétrolière au large du Brésil. Le rachat de BG, déjà autorisé par les Etats-Unis et la Commission européenne, doit encore recevoir l’aval des autorités de la concurrence en Australie et en Chine. La prévision de synergies, de 2,5 milliards de dollars à l’origine, a été relevée d’un milliard à 3,5 milliards (3,2 milliards d’euros), a annoncé le groupe.
Le groupe a expliqué que ces synergies supplémentaires viendront d’économies dans l’administration et les systèmes d’information, ainsi que de dépenses réduites notamment en marketing et dans le transport. Il n’a pas spécifié s’il y aurait d’éventuelles suppressions d’emploi. « Shell devient un groupe plus focalisé sur ses forces propres, plus résilient et plus compétitif à tous points du cycle des prix du pétrole et avec un pipeline de projets plus prévisible. On allie croissance et simplification », déclare le directeur général Ben van Beurden dans un communiqué.
Il continue en expliquant que « Shell devient un groupe plus concentré sur ses points forts, un groupe plus résilient et compétitif (…) avec un portefeuille de projets de développement plus prévisible. Nous allons croître pour nous simplifier. » Dans ce cadre, l’activité gaz naturel sera donc dotée d’une organisation autonome, reflétant son périmètre élargi et son potentiel d’investissement.
Faire face à une perte massive
Shell, qui a annoncé la semaine dernière une perte massive au troisième trimestre du fait de dépréciations d’actifs en Alaska et au Canada, promet de réduire ses coûts de 11 milliards de dollars en 2015 en réponse à la déprime des prix du pétrole, actuellement sous la barre des 50 dollars le baril alors qu’il était à 59 dollars lors de l’annonce de la fusion et tablait sur un redressement des cours à 90 dollars le baril d’ici 2020.
Shell tente ainsi de rassurer les investisseurs qui se demandaient si le groupe parviendrait à tenir ses objectifs de synergies au vu de l’évolution des cours du brut. Rappelons que Shell a tout de même réduit ses projets d’investissement à 30 milliards de dollars cette année et annoncé 7.500 suppressions d’emplois afin de tenir ses objectifs.
« Il n’y a pas de véritable surprise, on attend d’en savoir plus sur les synergies une fois que la fusion sera effective », commente Brendan Warn, responsable de la recherche sur le secteur pour BMO Capital Markets. « L’engagement de Shell d’opérer dans un environnement de prix plus bas et de maintenir son programme de rachat d’actions pourrait toutefois atténuer une partie des inquiétudes des investisseurs. »
« Depuis avril, les anticipations du marché sur l’évolution des prix du pétrole ont baissé de 10 à 15 dollars en moyenne pour la période allant jusqu’à 2018 », note Shell dans son communiqué. « Malgré cela, l’analyse de Shell sur l’effet (de la fusion) sur son cash flow et son résultat par action demeure inchangée (…), tout comme son projet de rachat d’actions. » Après tout, « les activités rassemblées par la division Gaz intégrée ont généré, en moyenne, 11 milliards de dollars de cash-flow par an ces trois dernières années, à comparer avec deux milliards en 2009 ».