Le gouvernement hollandais a interdit tout forage commercial pour le gaz de schiste jusqu’en 2020. Motif invoqué : la méthode controversée d’exploitation, à travers l’Europe entière, le fracking.
C’est par la voix de son ministre de l’Economie, Henk Kamp, que le gouvernement néerlandais, lors d’une conférence de presse à l’issue du conseil des ministres, a annoncé que la « recherche et l’exploitation commerciale de gaz de schiste n’est pas à l’ordre du jour pour les cinq prochaines années. »
Le gouvernement a précisé dans un communiqué que selon des enquêtes officielles, mandatées par celui-ci, il demeure des incertitudes sur les effets du forage profond pour le gaz de schiste aux Pays-Bas. A ce jour, aucun forage d’exploration n’a été effectué sur le territoire national.
Le fracking contesté
C’est bien la technique de la fracturation hydraulique qui pose encore quelques problèmes au gouvernement du Pays-Bas. Les enjeux environnementaux de la technique soulevant ici comme ailleurs des contestations : fuite dans les nappes phréatiques de produits chimiques et possibles tremblements de terres continuent de refreiner les ardeurs d’un pays pour lequel le gaz compte pourtant beaucoup. En 2011, les revenus du gaz avaient pesé pour 8% dans les revenus de l’Etat, qui est le deuxième producteur européen de gaz naturel traditionnel.
Pourtant, la fracture hydraulique, ou fracking, est la seule technique éprouvée aujourd’hui pour exploiter les hydrocarbures de schiste. D’autres techniques sont expérimentées mais leurs coûts empêchent toute rentabilité de l’exploitation.
Le procédé consiste à créer des fissures souterraines et à y infiltrer un mélange d’eau, de sable et de produits chimiques, pour permettre l’extraction du gaz prisonnier de la roche. Le fracking est très utilisé aux Etats-Unis, pays qui a pu grâce à l’exploitation du gaz de schiste faire fortement baisser ses coûts d’énergie, mais la méthode divise l’Europe.
Elle est interdite en France alors que l’exploitation du gaz de schiste est une priorité du gouvernement Cameron au Royaume-Uni même si de récents développements laissent à penser le contraire. En Allemagne, le gouvernement a repoussé à après l’été un vote au parlement sur une loi sur le fracking.
Des forages d’exploration dès 2018 ?
Parallèlement, on apprend que le pays plat compterait entre 200 et 500 milliards de mètres cubes de gaz de schiste en sous-sol. Malgré cette richesse, les permis d’exploration émis auparavant et aujourd’hui suspendus, ne seront pas renouvelés d’après Henk Kamp.
Le gouvernement veut se donner le temps de faire le point sur les tenants et les aboutissants de la filière notamment en ce qui concerne la fracturation hydraulique. Ainsi, d’ici la fin de l’année, un rapport sur la répartition des sources d’énergie aux Pays-Bas devrait permettre de déterminer la position des autorités en matière d’exploitation du gaz de schiste.
Si la réponse est positive, des forages d’exploration mis en place par l’Etat, et non par des sociétés privés, pourraient avoir lieu au plus tôt en 2018 ou 2019. Des puits de forage de gaz de schiste seraient alors mis en œuvre par les principales compagnies énergétiques nationales. Une manière de maîtriser le sujet et de rassurer l’opinion publique.
Dans tous les cas de figure, aucune exploitation commerciale ne serait autorisée avant 2020.