Le Maroc rejoint le cercle des pays producteurs de gaz de schiste. Ce groupe encore très fermé compte parmi ses membres un autre pays du Maghreb l’Algérie, qui a rencontré une forte opposition de la société civile, et compte s’inspirer de son expérience.
C’est à 80 kilomètres de Rabat, sur le site de la ville de Lalla Mimouna, dans le nord du pays, province de Kenitra, que le premier puit de forage de gaz de schiste devrait être lancé.
L’exploitation du gaz de schiste a été confiée à la compagnie irlandaise Circle Oil, bien connue dans le secteur des hydrocarbures et du gaz non-conventionnel.
Le Président-Directeur-Général de la compagnie Circle Oil, Mitch Flegg s’est dit ravi de la signature de son contrat, de la qualité de son partenaire et de celle du site. « La productivité de ce premier puit est très encourageante pour notre portfolio au Maroc. » Pour rappel, Circle Oil détient 75% du permis d’exploitation de Lalla Mimouna et l’Office National des Hydrocarbures et des Mines 25%.
La capacité du site de forage est en effet des plus satisfaisantes, car avec un débit de près de 2 millions de pieds cubes par jour, le niveau de production de gaz de schiste est jugée « positive et encourageante » de la part de la compagnie énergétique irlandaise.
Le lancement de l’activité devrait permettre au Royaume de diversifier son portefeuille énergétique afin de gagner en indépendance.
Indépendance énergétique
Ce premier forage de ce type au Royaume est ainsi une excellente nouvelle pour le pays car il dépend encore quasiment à 100% de ses partenaires étrangers pour ce qui est de son approvisionnement énergétique. Parallèlement, le Royaume cherche aussi à réduire drastiquement les importations pour alléger la facture totale et le développement des hydrocarbures conventionnels comme non conventionnels entre parfaitement dans le cadre du plan de diversification et de réduction de la dépendance initié depuis cinq années maintenant.
Ce plan est d’ailleurs très ambitieux. Preuve en est avec l’installation au Maroc de plus en plus de compagnies multinationales de l’énergie comme BP, Chevron ou encore Cairn.
Pour autant, un problème se pose quant à un développement important de la fracturation hydraulique pour l’exploitation du gaz de schiste : la rareté de l’eau.
Une indépendance contrebalancée par le poids de l’opinion publique
Il s’agit d’un défi majeur auquel le Royaume devra rapidement faire face. Ainsi, il n’est pas impossible que le pays mise sur l’emploi de solutions alternatives au fracking dans un avenir proche dès lors que des techniques telles que celle dite du fluoropropane va commencer à se généraliser, son coût étant encore trop élevé aujourd’hui.
Défi que connait trop bien l’Algérie, qui malgré des ressources en gaz de schiste classées au quatrième rang mondial, après les Etats-Unis, la Chine et l’Argentine, a rencontré une vive opposition de la part de la société civile et des défenseurs de l’environnement. Au Maroc, rien de tout ça. La question du gaz de schiste ne suscite aucune passion dans le Royaume et les citoyens de ce pays ne sont pas vent debout contre le projet du gouvernement alors que seuls quelques sites Internet écologistes mènent une opposition sans appel à manifester.