Alors que les prix ont chuté depuis six mois en Asie, le gaz naturel liquéfié redevient bon marché et ses livraisons ont repris en Europe notamment via le terminal méthanier de Fos-sur-Mer dans le sud de la France. C’est la première fois en deux que le prix du gaz naturel liquéfié baisse en Asie et notamment en Chine, en Corée du Sud et au Japon.
Jusqu’alors le prix était un obstacle à un tiers de l’utilisation du gaz naturel liquéfié en Europe et était surtout réexporté en Asie. Comme pour le prix du gaz en général, l’hiver relativement doux en Europe et le ralentissement économique asiatique expliquent, pour partie, cette baisse mais d’autres facteurs en ligne de compte.
Une conséquence indirecte de Fukushima
En effet, la croissance de la demande en gaz naturel liquéfié s’est stoppée nette à l’arrêt des centrales nucléaires japonaises après la catastrophe de Fukushima, soit l’équivalent de 7% de la production mondiale de gaz naturel liquéfié.
Parallèlement, la plupart des contrats à long terme signés par l’Asie sont indexés sur les prix de pétrole alors qu’il a connu une chute sans précédent, de près de 50%, depuis la fin de l’été dernier. « Ces contrats représentent 72% des volumes » selon Thierry Bros, analyste à la Société Générale.
Enfin, une conséquence plus spécifique à la nature même du gaz naturel liquéfié, son prix sur le marché spot a dégringolé du fait de la douceur de l’hiver asiatique et donc d’une consommation beaucoup moins importante que prévu initialement.
Stabilité en Europe
En Europe, le prix du gaz naturel liquéfié est lui resté stable. Les Pays-Bas, grand pays producteur, ont dû réduire leur production sur leur champ de Groningue à cause de plusieurs secousses sismiques ressenties dans la région. Les vendeurs se sont donc tournés vers ce marché. « Mais la crise ukrainienne contribue à maintenir les prix européens sous tension » toujours selon Thierry Bros.
Pour la France, c’est pour le moment une bonne nouvelle. Les industriels gazo-intensifs ont en effet profité d’un effet d’aubaine. Les prix ont baissé suite au réapprovisionnement des stocks souterrains plus faciles à reconstituer. Quand il y a moins de gaz naturel liquéfié en stock – quand les prix en Asie sont élevés comme c’était le cas ces dernières années, les industriels souffraient d’une congestion du réseau qui relie le nord et le sud du pays, laquelle entrainait une très forte montée des prix notamment sur la zone sud. « Les livraisons à Fos-sur-Mer ont bien remonté à la fin de l’an passé puis se sont ralenties en janvier et février » indique Claude Conrard, président de la Commission Gaz de l’Uniden.
Donc, tant que les prix du pétrole resteront bas, les expéditions de gaz naturel liquéfié seront principalement ciblées vers l’Europe. Si le prix du baril repart à la hausse, le gaz naturel liquéfié repartira, lui, en Asie vu que le prix de celui-ci, dans les contrats, est indexé sur le prix du pétrole.
Reste à savoir sur la légère du pétrole qui tend à se confirmer depuis quelques semaines aura un impact.