Selon un rapport commandé par le précédent ministre de l’économie français, Arnaud Montebourg, l’exploitation du gaz de schiste en France pourrait rapporter plus de 100 milliards d’euros et couvrir les besoins énergétiques du pays pour les trente prochaines années.
Alors que « le gaz de schiste n’est plus d’actualité » comme le déclarait il y a encore peu de temps la Ministre de l’environnement, Ségolène Royal, voilà que la publication d’un rapport par le Figaro vient tout de même relancer le débat. Ce rapport affirme qu’un méthode moins polluante et moins dangereuse que la fracturation hydraulique est possible pour extraire le pétrole et le gaz de schiste. Le gain espéré pour le pays est chiffré entre 103 et 294 milliards d’euros sur trente ans par les spécialistes et pourrait créer jusqu’à 225.000 emplois.
En faveur d’une expérimentation immédiate
Ce rapport conclut à la validité de la technologie de stimulation au fluoropropane, « réelle alternative permettant de répondre aux problèmes environnementaux posés par la fracturation hydraulique ». Il préconise une première phase d’expérimentation par micro-forages en Ile-de-France et dans le Sud-Est.
L’avantage de cette solution, défendue de longue date par la société américaine eCorp, est qu’il n’y a pas d’eau utilisée. Le problème vient de l’utilisation du propane très inflammable. Le fluoropropane aurait également l’avantage d’être pouvoir récupéré plus facilement que l’eau et donc réutilisable. La technologie s’accommoderait de micro-forage plus respectueux des paysages et de l’environnement.
Un rapport caricatural par les associations anti-gaz de schiste
Les associations dénoncent un rapport caricatural autant sur le plan économique qu’environnemental. Elles pointent tout particulièrement la différence d’ordre de grandeur des ressources. Estimé à 5 milliards d’euros d’équivalent barils par les experts du département américain à l’énergie (EIA), le rapport parle, lui, de 16 milliards.
Les associations mettent en avant le peu de littérature mentionnée dans le rapport en ce qui concerne les problèmes environnementaux, sanitaires et notamment le temps de fuite moyen des puits d’exploitation de gaz. Mais pour ce qui est de la technique proposée, les associations rappellent que la fracturation par fluoropropane n’a jamais été utilisée par les compagnies gazières pour un usage industriel car son coût est beaucoup plus élevé que la fracturation hydraulique et qu’elle dégage un puissant gaz à effet de serre. Son potentiel de réchauffement serait 3500 fois plus élevé que celui du CO2 sur une période d’un siècle.
Pas de suite donnée
Le Premier Ministre s’est empressé de le confirmer. Il ne sera « pas donner suite au rapport compte tenu des engagements du Président de la République et des nombreuses inconnues autour de cette technologie américaine ». Les industriels ailleurs en Europe n’ont pas non plus sauté le pas et en France, Total a annoncé « qu’elle n’était pas prête à promouvoir cette technique notamment par manque d’expérience ».
Une chose est certaine. Le débat n’est pas clôt sur ce sujet qui pourrait tant apporter à l’économie du pays et pourrait ressurgir à l’occasion du prochain débat présidentiel.