Les forages de gaz continuent de faire trembler la terre aux Pays-Bas
La ville de Hellum, dans le nord des Pays-Bas, a été frappée par un séisme de magnitude 3,1 le 30 septembre, selon le média NRC Handelsblad. Enregistré à trois kilomètres de profondeur, le tremblement de terre semble faire partie d’une longue série de séismes dus aux forages de gaz naturel à Slochteren, dans la province de Groningue, qui ont eu lieu à quelque 20 kilomètres de l’épicentre.
85 séismes en 2014
“Il s’agit du tremblement de terre le plus puissant depuis le début de l’année”, précise le journal d’Amsterdam. L’année dernière, la région a été frappée par 85 séismes. Celui enregistré le 30 septembre dernier est le plus important de l’année, alors qu’un tremblement de magnitude 3,6 sur l’échelle de Richter, avait été enregistré en 2012 dans le village de Huizinge.
Cette dernière manifestation sismique n’a pas été le déclencheur de nouvelles annonces pour le gouvernement. Face à la multiplication des séismes et de l’augmentation de leur magnitude ces dernières années, le ministre de l’Economie, Henk Kamp avait déjà décidé en juin de limiter une nouvelle fois l’extraction de gaz. En 2015, elle sera plafonnée à 30 milliards de mètres cubes, soit 9,5 milliards de moins qu’initialement prévu.
Le gisement de gaz naturel de Groningue, le plus grand d’Europe occidentale et le seul exploité dans une région habitée, a été découvert en 1959. L’extraction, qui a commencée en 1963, a fortement contribué à la prospérité du pays : elle rapportant un total de 265 milliards d’euros aux caisses de l’Etat néerlandais, rappelleTrouw. Mais le journal note que plus de 1.000 tremblements de terre ont été recensés depuis.
Un contre-coup pour les finances publiques
Pour le gouvernement de Mark Rutte, c’est un contrecoup important car « la non-exploitation de chaque mètre cube de gaz représente un manque à gagner de 220 millions d’euros pour les caisses de l’Etat”, rappelle le Financieel Dagblad. Avec 53,8 milliards de mètres cubes de gaz produit en 2013, il a rapporté, en 2013, 12 milliards d’euros à l’État néerlandais, soit 10 % de ses recettes.
Le gouvernement s’est engagé à réduire l’extraction de l’ensemble du champ gazier à 40 milliards de mètres cubes annuels d’ici à 2016. Et dans les puits de Loppersum, elle sera réduite de 80 % sur les trois prochaines années. L’État néerlandais s’est également engagé à débloquer 1,2 milliard d’euros sur cinq ans pour financer un fonds de compensation et de « restauration de la qualité de vie » de la région.
Pourtant, pour certains, ces mesures gouvernementales ne suffisent pas. Le maire de Slochteren, Geert-Jan ten Brink, appelle le gouvernement à “fermer davantage le robinet de gaz et à accélérer la consolidation des maisons”. En effet, si les dégâts corporels sont quasi-inexistants, les dommages matériels dont les fissures dans les bâtiments par exemple sont légions. Depuis 1986, près de mille séismes ont été enregistrés dans la région même si la plupart ne dépassaient pas un niveau de 2 sur l’échelle de Richter.
Ce n’est qu’en février dernier, qu’un rapport officiel reconnaissait, que pendant plusieurs décennies, les autorités néerlandaises avaient refusé de voir le lien entre tremblements de terre et extraction de gaz naturel à Groningue, en donnant carte blanche à l’industrie. Le rapport allait même jusqu’à conclure que « “jusqu’en 2013, la sécurité des habitants de Groningue n’avait aucune importance” pour les parties impliquées dans les forages. »