L’administration américaine a donné lundi 17 août son feu vert définitif à la compagnie pétrolière Royal Dutch Shell pour des forages exploratoires dans l’océan Arctique, un projet longtemps reporté. C’est une première depuis 2012 alors que plusieurs organisations de défense de l’environnement entendent bien contester cette autorisation.
Le département de l’Intérieur américain a donné un permis définitif de prospection dans la mer des Tchouktches, au nord de l’Alaska, au major pétrolier Shell, après les réparations effectuées sur le Fennica, un brise-glace loué par la compagnie qui transporte des équipements de forage.
Le permis avait été accordé à titre provisoire avant que le Fennica ne soit endommagé par des hauts fonds non répertoriés au sud de l’Alaska. Le bâtiment a été envoyé dans l’Oregon afin d’être réparé.
Des problèmes techniques provoquant le retard d’une exploration attendue
Le programme d’exploration de Shell en Alaska a pris plusieurs années de retard, à la suite, notamment, d’une série de problèmes techniques, parmi lesquels la perte de contrôle d’une énorme plate-forme, sur laquelle 18 ouvriers avaient dû être secourus par les garde-côtes. Le premier feu vert avait pourtant été obtenu dès février 2012.
C’est dès six mois plus tard que les opérations avaient été stoppées. En l’espèce, de graves problèmes sur un navire avaient eu pour conséquence d’interdire au groupe d’offrir toutes les garanties contre un risque de marée noire. En 2013, le département de l’intérieur a finalement levé son autorisation, exigeant que tous ces problèmes soient résolus.
Le groupe anglo-néerlandais a déjà investi quelque sept milliards de dollars (6,3 milliards d’euros) dans l’exploration de l’Arctique. Un investissement qui devrait être rentable à terme. Il faut dire que les ressources de la partie américaine des mers de Tchouktches et de Beaufort sont considérables.
Selon une estimation du département de l’intérieur, elles s’élèveraient à 22 milliards de barils de brut techniquement récupérables et 2,6 milliards de mètres cubes de gaz. L’ensemble de la zone arctique recèle 22 % des ressources en hydrocarbures encore à découvrir sur la planète, selon l’United States Geological Survey, et toutes les sociétés s’y intéressent : ExxonMobil, le britannique BP, l’italien Eni et les russes Rosneft ou Gazprom.
Les associations environnementales vent debout
Les associations environnementales protestent depuis toujours contre ce projet et mettent en garde les autorités et la population contre les conséquences d’un accident dans les eaux gelées de l’Arctique. Selon elles, il aurait un impact encore plus grand que celui de 2010 dans le golfe du Mexique, lorsque l’explosion de la plateforme pétrolière Deepwater Horizon, exploitée par le groupe pétrolier britannique BP, avait entraîné la mort de 11 personnes et le déversement de 4,9 millions de barils de brut dans la mer, provoquant la plus grande marée noire de l’histoire des Etats-Unis.
La détermination de Shell à réaliser des forages dans cette région alimente encore plus la colère des organisations de défense de l’environnement, qui arguent du caractère vulnérable spécifique de l’Arctique, notamment en raison du changement climatique. Mais pour la société, l’enjeu est trop grand. Alors que la zone pourrait recéler un cinquième des ressources en hydrocarbures encore à découvrir sur la planète.
Curtis Smith, un porte-parole de Shell, a déclaré que la compagnie souhaitait « évaluer ce qui pourrait devenir une ressource énergétique nationale ». La compagnie n’exclut d’ailleurs pas d’achever le forage d’un puits dès cet été mais elle n’a publié aucun calendrier détaillé.