Réunis au sein de l’Oil and Gas Climate Initiative, dix poids lourds de l’énergie s’engagent pour contenir le réchauffement climatique à 2°C à la fin du siècle.
Dix compagnies pétrolières et gazières mondiales, parmi lesquelles les britanniques BG Group et BP, l’italienne Eni, la mexicaine Pemex, l’espagnole Repsol, la saoudienne Saudi Aramco, l’indienne Reliance Industries, la néerlandaise Royal Dutch Shell, la norvégienne Statoil et la française Total se sont engagées à investir et à collaborer davantage pour contribuer à la lutte contre le réchauffement climatique, en amont de la COP21, la 21e conférence mondiale sur le climat des Nations unies, qui ouvrira ses portes fin novembre à Paris.
10% de l’énergie de la planète
Ces groupes, qui assurent près d’un cinquième de la production mondiale d’hydrocarbures et fournissent environ 10% de l’énergie de la planète, appellent à « un accord efficace sur le climat » lors de la COP 21 et soutiennent l’objectif de contenir le réchauffement climatique à 2 degrés. « C’est un défi pour l’ensemble de la société. Nous sommes prêts à jouer notre rôle. Au cours des prochaines années, nous renforcerons nos actions et nos investissements visant à réduire l’intensité en carbone du mix énergétique mondial », ont assuré les dirigeants des différents groupes. « Nos compagnies sont prêtes à collaborer dans un certain nombre de domaines afin d’obtenir davantage que la somme de leurs efforts individuels », ont-ils ajouté.
Ainsi, l’OGCI a rendu public son rapport commun, intitulé « More energy, lower emissions » (Plus d’énergie, moins d’émissions), qui détaille les mesures concrètes prises par les compagnies membres pour améliorer la gestion de leurs émissions de GES et travailler à la réduction des impacts du changement climatique sur le long terme. La déclaration et le rapport communs définissent des domaines clés où la collaboration des compagnies membres de l’OGCI sera particulièrement concentrée : l’efficacité (des opérations et des carburants), le gaz naturel (en contribuant à sa croissance et en le rendant le moins polluant possible par l’élimination du torchage et des émissions de méthane), les solutions à long terme (investissement dans la recherche et le développement et l’inovation, l’augmentation de la part des énergies renouvelables), l’accès à l’énergie et la multiplication des partenariats et initiatives plurilatérales.
Les associations de défense de l’environnement sceptiques
Très critiques, les associations de défense de l’environnement ont réagi avec scepticisme. « Les pyromanes ne sont pas de bons pompiers », selon Charlie Kronick, de Greenpeace. Pour lui, cette « dernière intervention ne contient rien de sérieux qui contribuera significativement à la décarbonisation de l’économie mondiale ». Pour lui, la conférence de Paris sera l’occasion de progresser significativement vers un modèle énergétique 100% renouvelable d’ici à 2050, mais les majors pétrolières s’opposent fondamentalement à cette vision et chercheront activement à la saper à Paris.
L’ONG InfluenceMap a publié un rapport dans lequel elle dénonce le double langage des majors en matière de politique climatique, et notamment le fossé qui existe, selon l’organisation, entre leurs activités de lobbying et leurs déclarations publiques de bonnes intentions. Les dix compagnies pétrolières et gazières, qui pompent quelque 29 millions de barils équivalent pétrole par jour, se sont engagées à soutenir les cadres d’action pour le climat qui seront mis en place par les Etats, mais elles ne se fixent pas d’objectif chiffré et ne se prononcent pas sur le prix du carbone.