Le think tank CERRE (Centre sur la régulation Europe) publie un rapport dans lequel il pointe du doigt le manque de soutien de l’UE au biométhane et à l’hydrogène qui sont pourtant deux opportunités majeures pour l’atteinte des objectifs climatiques.
Les experts du CERRE sont formels : le biométhane et l’hydrogène ont une carte majeure à jouer dans la transition énergétique de l’UE de par leur potentiel conséquent de production et de remplacement des énergies fossiles. Mais dans le même temps ils affirment que l’UE est bien trop timorée à soutenir ces deux filons, qui n’ont alors que très peu de chance de percer comme ils le devraient, les auteurs expliquant que « Il est très peu probable que les gaz renouvelables et l’hydrogène ne pénètrent véritablement le marché sans soutien adéquat, et ce malgré un potentiel de production énorme en Europe ».
Le fait est qu’actuellement leur coût de production est entre deux et cinq fois supérieur à celui du gaz naturel en provenance du marché de gros, la solution de facilité est donc de continuer à en acheter en dépit des objectifs climatiques de la COP21 notamment. Pour rappel, l’Union européenne s’est fixée comme objectif d’atteindre 10% de gaz renouvelable dans son bouquet énergétique d’ici 2030 et même 30% voire 50% d’ici 2050. Mais si rien n’est modifié, les auteurs du rapport affirment qu’il n’y aucune chance d’y parvenir.
Les solutions prônées par le CERRE
Pour le CERRE, plusieurs pistes sont à creuser simultanément pour favoriser comme il se doit le potentiel du biogaz et de l’hydrogène : « Si les responsables politiques européens veulent exploiter au mieux le potentiel de décarbonisation de l’hydrogène et des gaz renouvelables, ils ne peuvent se contenter de fixer des objectifs quantitatifs. Ils doivent mettre en place des systèmes de soutien économique, accroître l’accès au réseau pour ces gaz, renforcer la transparence et l’interopérabilité des garanties d’origine, sans oublier de mesurer l’impact de ces politiques au fil du temps ».
Aussi, le CERRE estime que l’hydrogène renouvelable n’est pour l’heure pas viable d’un point de vue économique du fait d’un nombre insuffisant d’unités de production d’électricité renouvelable. Mais sur un horizon un peu plus lointain, à compter de 2050, il sera en revanche possible de produire 100% d’hydrogène vert, à condition là encore que les Etats membres se donnent les moyens de leurs ambitions climatiques.
Enfin, les auteurs plaident pour que le prix du CO2 soit tel qu’il permettent de créer un appel d’air vers les énergies bas carbone telles que le biométhane et l’hydrogène, que la demande soit stimulée par une offre sur les gaz renouvelables. En somme, rendre le gaz fossile plus cher que le renouvelable permettrait de véritablement installer le filon.