Sa filiale Total Énergie Gaz a officialisé son entrée sur le marché français. Elle va vendre de l’électricité aux professionnels en profitant de la fin des tarifs réglementés programmée le 31 décembre.
A compter du 1er janvier 2016, quelques 400.000 clients professionnels seront obligés de quitter l’univers des tarifs réglementés pour souscrire à une offre de marché chez EDF ou l’un de ses concurrents. Et parmi les concurrents, Total annonce déjà la couleur. Sa filiale Total Énergie Gaz a officialisé son entrée sur le marché français de l’électricité. Et ses ambitions sont clairement annoncées : alors que sa filiale alimente déjà 35.000 sites en gaz, celle-ci vise les 175.000 sites, gaz et électricité, d’ici dix ans, avec une multiplication de ses volumes par trois. Total Énergie Gaz, qui concurrence déjà Engie, entend donc devenir l’un des compétiteurs d’EDF.
La fin d’un marché encadré
« Les nouvelles règles en vigueur ne sont pas le seul élément déclenchant de notre diversification stratégique », explique Catherine Verdier, directrice commerciale de Total Énergie Gaz. « Nous nous appuyons également sur la volonté chez nos clients d’avoir un interlocuteur unique pour les deux énergies. D’ores et déjà, de nombreuses demandes pour l’électricité nous sont parvenues. »
Mais le potentiel du marché est très important car à l’instar de ce qui s’est passé et de ce qui se passe encore, de nombreux clients professionnels ignorent la date couperet du 1er janvier 2016. La Commission de régulation de l’énergie, le gendarme du secteur, confirme qu’elle va engager un très gros travail d’information et de pédagogie très prochainement puisque il reste aujourd’hui 88% des professionnels, ce qui représente 423.000 sites, qui n’ont pas encore basculé en offre de marché.
Mais le groupe a déjà amorcé son propre travail de sensibilisation. Il faut dire que Total Énergie Gaz possède déjà une petite expérience du commerce de l’électricité avec six térawattheures vendus hors de l’Hexagone en 2014. Dans le gaz, elle a écoulé 88 TWh en Europe avec la France et le Royaume-Uni comme pays phares devant l’Allemagne, l’Espagne, les Pays-Bas et la Belgique.
Entre 8 et 10% du marché
L’objectif de Total Gaz Energie est d’atteindre entre 8 et 10% de part de marché en France, l’équivalent pour sa filiale pour le gaz. A cette fin, elle proposera à partir du 5 octobre, une offre de fourniture en électricité à prix fixe pour un début de livraison en janvier 2016.
« Pour l’électricité, nous allons nous approvisionner sur le marché de gros », indique Olivier Jacquemin, chef de projet électricité chez Total Énergie Gaz. Le nouvel arrivant ne quantifie pas les rabais qu’il consentira par rapport aux actuels tarifs réglementés mais une baisse d’au moins 5 % pourrait faire figure de socle. « Nous misons sur la simplification », poursuit Catherine Verdier. « Qu’ils aient une durée d’un, deux ou trois ans, tous les contrats que nous proposerons se distingueront par leur immédiate lisibilité. Cela signifie en particulier qu’un prix fixe sera garanti pendant la durée du contrat. D’une manière générale, tous les nouveaux arrivants sur le marché du gaz ont opté pour un tel système de prix fixe, de manière à offrir de la visibilité à des clients trop longtemps prisonniers de la variation des prix du gaz indexés sur les cours du pétrole. »
Mais pour se développer dans l’électricité, Olivier Jacquemin, chef du projet électricité, assure que l’offre de Total sera accompagnée d’une gamme de services comprenant des audits énergétique chez les clients, une optimisation de la puissance souscrite en cours de contrat, le rachat des certificats d’économies d’énergie en cas de travaux d’efficacité énergétique.
En marge de la libéralisation du marché de l’électricité, les spécialistes du gaz comme Total Énergie Gaz sont d’autant plus enclins à se diversifier que le marché du gaz ne bénéficie plus de nouveaux clients raccordés. Les volumes écoulés sont impactés également par les gains d’efficacité énergétique. L’année dernière, la consommation de gaz des industriels, hors production d’électricité, a reculé de 6,1 % en France. Chez les particuliers et petits professionnels, ce repli a frôlé les 20% même s’il s’explique largement par l’hiver très doux.