Sous la pression politique et diplomatique, l’Allemagne vient de faire un pas vers le gaz naturel américain. Un pas seulement car le GNL US sera à terme trop cher en comparaison avec le sempiternel gaz russe.
Les Etats-Unis exercent une fort pression diplomatique et politique sur l’Allemagne et par ricochet sur l’Europe quant à leur approvisionnement en gaz naturel. Une pression relative à la mise en service du gazoduc sous-marin Nord Stream2 reliant la Russie à l’Allemagne et contournant ainsi l’Ukraine. Les USA reprochent à Berlin de ne pas suffisamment se désenclaver de la Russie en se fournissant essentiellement auprès de Gazprom. Donald Trump tance régulièrement l’Allemagne et l’ Europe sur ce dossier épineux qu’est le Nord Stream2 car pour rappel ce gazoduc dont la mise en service est attendue pour 2020 a pour finalité de doubler les quantités de gaz naturel russe envoyées à l’Europe via l’Allemagne. Un diplomate européen explique que « Washington a mis une énorme pression sur les capitales européennes ces derniers jours pour empêcher Nord Stream 2 ».
Vers plus de GNL américain en Europe?
Le jeu diplomatique et politique américain a semble-t-il fonctionné car le ministre allemand de l’Economie, Peter Altmaier, qui reçoit en ce mois de février le secrétaire-adjoint américain à l’Energie Dan Brouillette, doit annoncer la mise en œuvre de plusieurs mesures permettant de construire des terminaux méthaniers dévolus au GNL américain.
Angela Merkel a ainsi fait savoir que « À l’avenir, on veut avoir du gaz liquéfié, des terminaux méthaniers pourraient être construits en Allemagne ». Elle rajoute vouloir » une diversité dans son approvisionnement énergétique, le gaz russe en fait partie, mais pas exclusivement ». La chancelière annonce son intention de « s’approvisionner en gaz auprès d’encore plus de fournisseurs et d’accroître ainsi notre sécurité énergétique ».
Avec ces différentes annonces, l’Allemagne – et donc le reste de l’UE – s’engagent à se fournir davantage en GNL américain. Des terminaux seront construits dans le nord du pays. Pour les Etats-Unis, premier producteur mondial de gaz naturel, le marché européen est essentiel en termes de débouchés commerciaux. Mais il l’est également d’un point de vue politique, il lui permet de contrebalancer l’influence russe sur le Vieux Continent tout en envoyant un message quant à la crise entre Moscou et Kiev. Une sorte de guerre froide du gaz se joue plus que jamais entre les Etats-Unis et la Russie et l’Europe se trouve prise entre les tirs croisés.
Pour autant, l’UE a tout à gagner sur le court terme à diversifier son filon d’approvisionnement, ne serait-ce que pour une question de sécurité énergétique. Mais le prix du GNL américain ne pourra pas sur le moyen et long terme concurrencer le gaz russe. Avec près de 40% de parts de marché en Europe, le gaz russe a encore de beaux jours devant lui.